Les factures de la maire de Rognac et de son prédecesseur interrogent la justice

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Stéphane Le Rudulier, lors d’une séance au Sénat pour examiner le projet de réforme des retraites du gouvernement, le 2 mars 2023.

C’est une réunion de crise qu’ont tenue, jeudi 23 mai à l’hôtel de ville de Rognac (Bouches-du-Rhône), la maire Sylvie Miceli-Houdais (Union des démocrates et indépendants, UDI) et son prédécesseur et mentor, le sénateur (Les Républicains, LR) Stéphane Le Rudulier.

Autour d’eux, la vingtaine d’élus qui forment encore leur fragile majorité municipale, dans cette ville de 12 000 habitants. Des élus, qui, comme une bonne partie des résidents de cette cité qui borde l’étang de Berre, demandaient des explications sur les révélations de la presse sur la gestion des fonds municipaux.

En novembre 2023, une enquête du Monde avait dévoilé une partie des largesses du sénateur et de la maire avec les règles et l’argent public. Le 14 mai, le site d’information Marsactu.fr a révélé qu’« hôtels de luxe, voyages et spiritueux » ont été payés sur des fonds municipaux par les deux élus. « Une campagne de désinformation purement et uniquement à l’avantage de notre opposition », répondait deux jours plus tard la maire lors d’un conseil municipal expédié en vingt-deux minutes, visant sans les nommer d’anciens compagnons de route ayant démissionné de leurs mandats.

Une ligne de défense qui s’écroule quand Marsactu.fr et La Provence précisent que ces « frais somptuaires » ont été signalés en début d’année à la justice par une fonctionnaire nouvellement arrivée en mairie. Une enquête préliminaire a finalement été ouverte le 17 avril par le parquet d’Aix-en-Provence sur la base de ce signalement. La lanceuse d’alerte, elle, a été auditionnée.

Une carte d’achat

Comme l’avait fait Marsactu.fr, Le Monde s’est procuré des relevés liés à la carte bancaire municipale et au signalement de la fonctionnaire. Mais a aussi consulté les dépenses sur des fonds publics du sénateur. L’absence de lien évident entre certains achats, que nous avons pu documenter entre 2019 et 2024, et les mandats des deux élus interroge – tout comme le caractère timide du contrôle par les autorités de tutelle, voire son absence. M. Le Rudulier conteste toute dépense illégale. Mme Miceli-Houdais n’a pas répondu à nos sollicitations.

Dans un courriel adressé à ses collaborateurs, la maire a regretté, lundi 27 mai, « les pressions politiques et médiatiques », rappelant qu’« il est essentiel de ne pas se laisser intimider (…) et de rester fidèles à nos valeurs fondamentales : l’intégrité, la déontologie et l’intérêt général ».

Mi-avril 2017, Stéphane Le Rudulier, alors maire de Rognac depuis un an, se dote d’une carte d’achat. Similaire à une carte bancaire classique – sans permettre les retraits d’espèces –, elle donne à son détenteur la possibilité d’effectuer de petites dépenses au nom de la collectivité, sans passer par de complexes marchés publics.

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