Nétanyahou qualifie d’« erreur tragique » la frappe de l’armée israélienne sur un camp de déplacés à Rafah

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Dans un camp de déplacés visé par une frappe israélienne, à Rafah, dans la bande de Gaza, le 27 mai 2024.

Une vague de condamnations internationales a visé, lundi 27 mai, Israël après la frappe de son armée, dimanche soir, sur un camp de déplacés palestiniens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qui a fait 45 morts et 249 blessés, selon le bilan fourni par le ministère de la santé du Hamas.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a regretté, lundi, « une erreur tragique », et l’armée israélienne a dit enquêter sur la mort de victimes civiles après avoir expliqué, dans un premier temps, avoir ciblé deux hauts responsables du mouvement palestinien avec des « munitions précises ».

« Dire qu’il s’agit d’une “erreur” ne signifie rien pour ceux qui ont été tués, ceux qui sont en deuil et ceux qui tentent de sauver des vies », a clamé le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, qualifiant cette « attaque » d’« abominable » .

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« Je condamne les actions d’Israël qui ont tué de nombreux civils innocents qui cherchaient seulement à se protéger de ce conflit meurtrier. Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza. Ces horreurs doivent cesser », a déclaré, de son côté Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies (ONU) qui a demandé une enquête « complète et transparente » sur le bombardement du camp de Barkasat, géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Un « enfer sur terre »

« Les images de la nuit dernière témoignent de la transformation de Rafah en enfer sur terre », a déclaré Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA, affirmant que certains employés de l’agence étaient portés disparus.

Des images du Croissant-Rouge palestinien, selon lequel le lieu visé par la frappe avait été désigné par Israël « comme une zone humanitaire », montrent des scènes de chaos, des ambulances toutes sirènes hurlantes et des secouristes en pleine nuit sur un site en feu, évacuant les blessés parmi lesquels des enfants.

« Nous avons vu des corps carbonisés, démembrés (…) des cas d’amputations, des enfants blessés, des femmes et des personnes âgées », a témoigné Mohammed Al-Mughayyir, un responsable de la défense civile dans la bande de Gaza.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence mardi après-midi, d’après des sources diplomatiques. Cette réunion à huis clos a été demandée par l’Algérie, membre non permanent du Conseil, ont précisé plusieurs de ces sources à l’Agence France-Presse.

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« Bouleversée », Washington a appelé son allié israélien à « prendre toutes les précautions pour protéger les civils ». Le président français, Emmanuel Macron, s’est dit « indigné » et le Canada, « horrifié », a appelé à « un cessez-le-feu immédiat ».

Un rassemblement de près de 10 000 personnes à Paris

Environ 10 000 personnes se sont réunies à proximité de l’ambassade israélienne à Paris pour dénoncer ces bombardements. La foule, parmi laquelle certains portaient des keffiehs, a brandi des drapeaux palestiniens et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « On ne tue pas un enfant, qu’il soit juif ou palestinien : Stop aux bombardements, free Palestine », « Rafah, Gaza on est avec toi ».

De leur côté, l’Espagne, la Norvège et l’Irlande vont reconnaître, mardi, l’Etat de Palestine lors d’une conférence de presse à Bruxelles, une annonce faite la semaine dernière et qui avait suscité l’ire d’Israël.

La frappe meurtrière sur Rafah est intervenue quelques heures après des tirs de roquettes, revendiqués par le Hamas, sur la métropole israélienne de Tel-Aviv depuis Rafah, mais aussi deux jours après une décision de la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction de l’ONU, qui avait ordonné, vendredi, à Israël de suspendre ses opérations à Rafah.

Selon l’ONU, cette opération avait déjà poussé, en près de trois semaines, quelque 800 000 Palestiniens à la fuite, forçant ainsi des personnes qui avaient tenté de trouver refuge à Rafah plus tôt dans la guerre à se déplacer à nouveau.

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Le Monde avec AFP

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