En Guadeloupe, la Soufrière, volcan sous haute surveillance

4738


Sur le volcan de la Soufrière, en Guadeloupe, le 8 avril 2024.

Installés en haut du mont Houëlmont, les scientifiques de l’Observatoire volcanologique et sismologique de Guadeloupe (OVSG) surveillent la Soufrière, la montagne située juste en face. Quand celle-ci n’est pas enveloppée par les nuages, le cône Vyè Madanm (« la vieille dame » en créole), point culminant des Petites Antilles, laisse s’échapper de puissantes colonnes de vapeur, parfois visibles de très loin. « On constate une progression régulière de l’activité depuis le réveil du volcan en 1992 », souligne Ivan Vlastelic, le directeur de l’OVSG.

Début mai, le préfet de Guadeloupe, Xavier Lefort, a pris un arrêté interdisant totalement l’accès à près de 4 000 mètres carrés sur le cratère Sud, une partie du sommet qui restait jusqu’alors accessible aux touristes accompagnés de professionnels et munis de masques à gaz. « Il y a un vrai risque », approuve Ivan Vlastelic. Notamment du fait de la température des fumerolles qui sortent du sol. « Sur les trente dernières années, la température n’avait jamais dépassé les 130 °C », explique le scientifique. Mais depuis deux ans, la chaleur augmente et, en 2023, la température a atteint 212 °C de manière durable. « On imaginait que cela était lié au déficit en eau dû à la saison sèche, mais, même après le retour des pluies de la saison humide, la température n’a pas diminué », ajoute-t-il.

Assèchement du volcan

Les scientifiques établissent deux hypothèses : la première, celle d’un regain d’une activité magmatique, est invalidée – à court terme du moins – par une microsismicité réduite. « Si le magma remontait, on aurait d’autres signes comme une dilatation des pourtours du volcan, ce qui n’est pas le cas », détaille M. Vlastelic. Seconde hypothèse, plus probable, le déficit pluviométrique induit par le dérèglement climatique notamment, et son lot de sécheresses qui sévissent même en milieu tropical. « Certaines failles sur les flancs de la montagne se rétractent, ce qui semble aller dans le sens d’un assèchement du volcan », indique encore le scientifique. Les effets à long terme du phénomène restent incertains, en raison des modifications des propriétés mécaniques du système volcanique et des équilibres entre les gaz.

Quoi qu’il en soit, pour les volcanologues de Guadeloupe et de l’Institut de physique du globe de Paris, qui chapeaute l’OVSG, la probabilité à court terme d’une éruption reste faible, les signes d’activité n’étant pas ceux d’un tel événement. Mais les experts s’accordent sur un changement de régime du volcan, « compte tenu du regain d’activité sismique et fumerolienne enregistré depuis février 2018 », ce qui justifie de laisser le volcan sous haute surveillance.

Il vous reste 42.76% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link