le Hezbollah ébranlé par une attaque aux bipeurs

3416


Une ambulance s’apprête à transporter un blessé vers un hôpital de Beyrouth, le 17 septembre 2024.

Une attaque d’une sophistication inédite, imputée à Israël, a plongé le Liban, mardi 17 septembre, dans le chaos et la panique. A 15 h 30, les bipeurs de centaines de personnes, faisant leurs courses, assises au café ou chevauchant leur scooter, ont explosé, après avoir, selon des témoignages, reçu un message. Pendant plusieurs heures, un ballet d’ambulances a déversé dans des hôpitaux, submergés, de Beyrouth, du sud du pays et de la plaine de la Bekaa, les blessés venus de fiefs du Hezbollah. Des victimes aux mains déchiquetées, certaines défigurées, d’autres blessées à l’aine ou à la jambe.

« Aux alentours de 15 h 30, plusieurs bipeurs ont explosé parmi les employés de différentes unités et institutions du Hezbollah », a commenté le parti chiite libanais dans un communiqué. L’un des responsables du parti, cité par l’agence Reuters, a reconnu la « plus grande faille sécuritaire » qu’ait connue le mouvement. Selon un bilan provisoire du ministère de la santé libanais, neuf personnes ont été tuées et près de 2 800 blessées, dont 200 sont dans un état critique. Israël est « entièrement responsable » de ces explosions et recevra un « juste châtiment », a menacé le Parti de Dieu, alors que l’Etat hébreu s’est refusé à tout commentaire. Les autorités libanaises ont dénoncé une « violation de la sécurité et de la souveraineté libanaises ».

Parmi les victimes se trouvent une fillette de 8 ans, tuée par l’explosion du bipeur de son père, et un fils du député du Hezbollah Ali Ammar. L’ambassadeur iranien au Liban, Mojtaba Amani, a été « blessé superficiellement » dans l’explosion de son bipeur, selon un communiqué de l’ambassade. L’Observatoire syrien des droits de l’homme a également dénombré au moins quatorze blessés en Syrie.

Le fils du député du Hezbollah au Parlement libanais Ali Ammar (ici, à Beyrouth, le 1ᵉʳ octobre 2009) est l’une des neuf personnes tuées par les explosions de bipeurs à Beyrouth, le 17 septembre 2024.

« C’est une énorme faille de sécurité. Si l’on estime que la branche militaire du Hezbollah compte entre 10 000 et 20 000 membres actifs, cela signifie qu’au moins 20 % d’entre eux sont blessés, ce qui est énorme. C’est le nombre de blessés que vous avez au cours d’une guerre, pas lors d’une seule attaque », relève Mohanad Hage Ali, spécialiste du Hezbollah au centre de réflexion Carnegie, à Beyrouth. L’identité de centaines de combattants du Hezbollah, jalousement gardée par le parti chiite, a été exposée. « Cette attaque précise et d’ampleur parvient à briser les rangs de l’organisation, à toucher au cœur de chaque famille. C’est une grande faille qui ébranle la sécurité, la confiance et la stabilité du groupe, mais je suis surpris qu’elle ne soit pas suivie d’une opération contre le Hezbollah », poursuit l’expert libanais.

Il vous reste 77.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link