Au Sénégal, médiations tous azimuts pour désamorcer la crise après le report de l’élection présidentielle

2496


Le président sénégalais, Macky Sall, à Bruxelles, le 25 octobre 2023.

Près de deux semaines après l’annonce par Macky Sall du report au 15 décembre de l’élection présidentielle prévue le 25 février, le Sénégal est toujours sous le choc de cette décision inédite. Alors que les chancelleries font part de leurs préoccupations face à la situation politique, la société civile maintient la pression en appelant à une marche samedi contre ce que l’opposition qualifie de « coup d’Etat constitutionnel ». Une manifestation qui s’annonce à risque alors que trois personnes sont mortes en marge des protestations contre le report du scrutin.

Écouter aussi Sénégal : après le report de l’élection présidentielle, la démocratie est-elle menacée ?

Mais en coulisses, les initiatives se multiplient et les émissaires s’activent pour tenter de trouver une issue à la crise politique. Deux points majeurs sont au cœur des discussions : la participation des cadres de l’ex-Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), le parti d’Ousmane Sonko, qui a été dissous en juillet, au dialogue national annoncé par le chef de l’Etat ; et la date de l’élection présidentielle.

« Personne n’est d’accord pour le 15 décembre [nouvelle échéance fixée par l’Assemblée nationale], expliquait Pierre Goudiaby Atepa au micro de Radio France internationale (RFI) le 15 février. Je pense personnellement que des délais qui nous amèneraient fin mai pourraient être raisonnables. » Cet architecte de 76 ans est un homme d’affaires influent, à la tête du Club des investisseurs sénégalais. Familier des milieux politiques, il est perçu comme un proche d’Ousmane Sonko, ce qui lui a valu d’être qualifié publiquement d’« escroc » par le président Macky Sall en novembre. Mais depuis, les relations se sont normalisées entre les deux hommes, qui se sont vus le 8 février. « Le message était clair : dans cette situation très grave, que pouvons-nous faire ensemble pour l’apaisement ? », a confié Pierre Goudiaby Atepa au Monde.

L’architecte a accepté de tenter de rapprocher le pouvoir et l’opposition car selon lui, « Macky Sall et Ousmane Sonko ont à cœur la paix du pays ». Dès le lendemain de son entrevue avec le chef de l’Etat, il s’est rendu à la prison du Cap Manuel, où l’opposant est incarcéré depuis six mois et demi. « Ousmane Sonko, qui m’a semblé en grande forme et souriant, m’a demandé du temps pour consulter ses camarades de parti. Il a réagi très positivement », assure-t-il. Le secrétaire adjoint de l’ex-Pastef et membre du bureau politique Birame Lo confirme que des émissaires ont été envoyés pour approcher son patron. « Ousmane Sonko demande sa libération et celle des détenus politiques, ainsi que la tenue à date échue des élections. Il ne marchande pas et ne propose rien en retour », indique-t-il.

Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link