quand la réservation tourne au cauchemar

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En février 2023, prise d’une envie irrépressible de visiter l’exposition Vermeer au Rijksmuseum, à Amsterdam, Sophie Baron, habitante de l’Ain, ingénieure et mère de trois adolescentes, s’est vite aperçue que les créneaux de visite du week-end de l’Ascension affichaient presque tous complets. Dès lors, ce qu’elle imaginait comme une escapade improvisée s’est transformé en séjour rigoureusement corseté… Après s’être dépêchée de réserver les toutes dernières places, elle a sécurisé dans la foulée les entrées aux incontournables Van Gogh Museum et Maison Anne Frank, s’est « battue » pour bloquer un aller-retour par avion et a pris une chambre d’hôtel à peu près correcte sans faire de chichis. Sur place, alors qu’elle pensait avoir tout verrouillé, elle déchanta le premier soir venu. « Dans l’incapacité de trouver une table pour cinq au restaurant, nous avons été contraints de sauter le dîner. Le lendemain, même problème. Nous nous sommes rabattus sur la seule adresse accessible un samedi soir : les fromages du Musée du gouda. »

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Même si le monde a récemment mis à l’épreuve notre sens de l’improvisation – pandémie, guerre, réchauffement climatique –, nous voilà sommés de réserver nos vacances et nos loisirs très longtemps à l’avance. Une bergerie sur le GR20, une place de cinéma, une journée dans une calanque, une visite du Machu Picchu, un don du sang… « C’est devenu une souffrance, regrette François Briat, ingénieur lyonnais de 48 ans. Tout n’est plus qu’arnaques et pièges. Internet s’est transformé en monstre marketing. » Echaudé par les messages « angoissants » – type « il ne reste plus que deux chambres disponibles » –, il prend soin d’effacer ses cookies de navigation pour détourner l’attention des plates-formes de réservation qui abusent du push-selling (pousser le produit vers le client) et du pull-selling (tirer le client vers le produit).

« Pour moi, le pire, c’est la SNCF », tranche Michel Blanchard, ancien journaliste à l’AFP, agacé par le yo-yo des tarifs pratiqués depuis 1993 en fonction de la demande, qu’une très faible concurrence remet peu en question. « Au début, on pouvait échanger son billet jusqu’à trois jours avant le départ, avec 5 euros de pénalité. C’est aujourd’hui 19 euros par trajet, à moins de six jours [pour les TGV inOui domestiques et internationaux] ! C’est un vrai scandale. » « Le train, c’est l’enfer, le rejoint Brigitte Martin, retraitée de l’éducation nationale. A moins de réserver cinq mois à l’avance ou bien de partir à 5 h 45, c’est hors de prix ! »

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