placée sous administration provisoire, l’université se cherche une « âme »

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L’Université Paris-Saclay, à Saclay (Essonne), le 17 septembre 2021.

L’université Paris-Saclay, fleuron de l’enseignement supérieur français, 15e au classement international de Shanghaï en 2023, est également l’actrice principale d’un feuilleton institutionnel aux accents très politiques, tant le potentiel scientifique du « plateau de Saclay » est immense. Unir les forces des acteurs installés sur ce territoire de la vallée de Chevreuse (Yvelines), au sud de Paris, est une idée aussi séduisante qu’épineuse.

Dernier épisode en date, vendredi 1er mars : l’ex-recteur Camille Galap a été nommé administrateur provisoire de l’université par le rectorat de la région académique d’Ile-de-France, en concertation avec le ministère de l’enseignement supérieur. Il dispose d’un mois pour mener à bien une concertation avec les composantes de l’établissement (les cinq facultés de l’ex-université Paris-Sud, une école d’ingénieurs universitaire, quatre grandes écoles, trois instituts universitaires technologiques, deux universités intégrées et sept organismes nationaux de recherche).

Cette nomination intervient dans un contexte électoral tendu où Estelle Iacona, qui avait pris la suite de Sylvie Retailleau, nommée ministre de l’enseignement supérieur en mai 2022, se présentait à nouveau au poste de présidente. Début février, sa liste a été devancée, lors des élections au sein des conseils centraux, par celle d’Yves Bernard (union FSU-CGT), ex-président de l’école d’ingénieurs universitaire Polytech – composante de Paris-Saclay – dont le projet défend un modèle « fédéral », où chaque membre jouirait de prérogatives identiques.

Pour compléter le nouveau conseil d’administration, restait à entériner un collège des « personnalités qualifiées extérieures », au nombre de 18, et dont le poids devait compter pour 50 % – soit autant que le poids des élus du monde académique – lors de l’élection du ou de la prochaine présidente, fixée au 1er mars. L’élection n’a pas eu lieu : par deux fois, le 9 et le 28 février, des élus FSU-CGT, CFDT et Unsa ayant conclu un « accord électoral » ont refusé d’adopter la liste des personnalités extérieures proposée. Ce qui a conduit à l’ouverture d’une concertation, comme le prévoient les statuts de cet établissement public expérimental (EPE), adoptés en novembre 2019.

Dérogation au code de l’éducation

Les statuts, loin du simple recueil juridique, sont précisément le moteur du feuilleton Paris-Saclay. Institués par une ordonnance gouvernementale de 2018 et taillés pour des établissements ayant la volonté de rivaliser avec les plus grandes universités mondiales, ces statuts sont dérogatoires au code de l’éducation. Seul impératif : les volontaires avaient dix ans maximum pour se lancer dans ces grandes manœuvres, le statut d’EPE devant disparaître en 2028.

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