L’Iran maintient la pression sur la Suède pour obtenir la libération d’Hamid Nouri

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« Hamid Nouri n’est pas un prisonnier, c’est un otage. » Par la voix de son chef adjoint du pouvoir judiciaire, Kazem Gharibabadi, Téhéran a de nouveau fustigé la Suède, dimanche 2 juillet, accusée de détenir « sans preuves et pour des motifs politiques » un ressortissant iranien et de défendre les intérêts d’un « groupe terroriste » : une allusion à l’Organisation des moudjahidin du peuple iranien, un groupe de l’opposition en exil. M. Gharibabadi a enjoint à Stockholm de ne « pas sacrifier ses intérêts nationaux au profit d’un tel groupe ».

Le 14 juillet 2022, Hamid Nouri, arrêté en Suède, a été condamné à la prison à perpétuité pour « violations criminelles et flagrantes des lois internationales ». Ancien procureur adjoint de la République islamique d’Iran, il avait été reconnu coupable d’avoir participé à une vague d’exécutions de prisonniers politiques en 1988, au cours de laquelle jusqu’à cinq mille opposants avaient été tués en deux mois, dont de nombreux membres des Moudjahidin du peuple.

Depuis cette condamnation, Téhéran, qui avait jugé le verdict « fondamentalement inacceptable » et tenu le gouvernement suédois pour « responsable des dommages causés aux relations bilatérales », ne cesse de hausser le ton dans l’optique de récupérer M. Nouri. L’Iran détient, en outre, dans ses prisons, au moins deux ressortissants suédois. Selon la télévision suédoise TV4, un haut fonctionnaire d’une organisation internationale y croupit depuis plus d’un an. « Daniel », comme l’appellent ses proches qui ne souhaitent pas révéler sa véritable identité, a été arrêté en avril 2022, alors qu’il se trouvait en Iran pour rendre visite à un ami et qu’il était sur le point de repartir. Les autorités iraniennes l’accusent depuis d’espionnage.

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Aurait-il été pris en otage en gage d’un accord d’échange de prisonniers que Téhéran cherche à imposer, sur le modèle de celui conclu avec la Belgique, qui a permis la libération d’un de ses agents, détenu pour terrorisme ?

Le 25 mai, le travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele, 42 ans, arrêté en Iran le 24 février 2022 et condamné à quarante ans de détention pour espionnage, a été échangé contre Assadolah Assadi, 51 ans, un diplomate iranien en poste à Vienne, qui fut l’organisateur d’un projet d’attentat contre les Moudjahidin du peuple, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), en juin 2018. Une loi belge de 2022 autorisant le transfèrement de prisonniers vers l’Iran a permis l’opération.

« Je n’ai rien à dire à ce sujet pour le moment, car c’est une affaire difficile et compliquée, et je ne pense pas que cela faciliterait la situation », avait réagi le ministre des affaires étrangères suédois, Tobias Billström, interrogé le 29 mai. Ce même jour, les autorités iraniennes affirmaient que des « efforts [étaient] en cours pour libérer Hamid Nouri ». Askar Jalalian, directeur adjoint des affaires internationales et des droits de l’homme au ministère de la justice iranien, qualifiait même de « bonne nouvelle » la perspective de sa libération.

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