L’Espagne retire « définitivement » son ambassadrice d’Argentine à la suite des propos polémiques de Javier Milei

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L’Espagne a décidé de « définitivement » retirer son ambassadrice d’Argentine après le refus du président argentin, Javier Milei, de présenter des excuses pour ses propos sur le premier ministre espagnol et son épouse, a annoncé, mardi 21 mai, le ministre des affaires étrangères espagnol.

« Je vous annonce que nous retirons notre ambassadrice de Buenos Aires », déjà rappelée dimanche pour consultation, a déclaré José Manuel Albares à l’issue du conseil des ministres. « L’ambassadrice restera définitivement à Madrid. L’Argentine n’aura plus d’ambassadeur » espagnol, a-t-il ajouté. « C’est un fait sans précédent de voir un chef d’Etat venir dans la capitale d’un autre pays pour insulter ses institutions et pour commettre une ingérence claire dans ses affaires internes », a poursuivi le chef de la diplomatie espagnole.

Javier Milei a, de son côté, affirmé mardi qu’il ne retirerait pas l’ambassadeur argentin en Espagne, qualifiant l’annonce de Madrid de décision « absurde d’un socialiste arrogant ». « Cela ternit l’image internationale de l’Espagne et [montre] leur arrogance », a poursuivi le président ultralibéral argentin.

Cette crise diplomatique inédite entre les deux pays a été provoquée par les propos tenus dimanche à Madrid par Javier Milei, invité d’honneur d’une convention du parti d’extrême droite espagnol Vox. Durant ce congrès, auquel assistait également Marine Le Pen, le président argentin, en conflit ouvert depuis plusieurs semaines avec le gouvernement espagnol, s’en est pris à la femme du premier ministre, Begoña Sanchez, sans la nommer directement : « Quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir. » Ces propos font suite à l’ouverture par la justice espagnole d’une enquête préliminaire pour « trafic d’influence » et « corruption » visant Mme Sanchez.

« Lâche »

De retour lundi à Buenos Aires, M. Milei a poursuivi son escalade verbale contre M. Sanchez, qu’il a qualifié de « lâche », et a refusé de s’excuser, comme le lui demande le gouvernement espagnol.

« C’est moi qui ai été attaqué », a-t-il ajouté lors d’une interview accordée à la chaîne TN, rappelant que des représentants du gouvernement espagnol l’avaient qualifié de « xénophobe, raciste, d’ultradroite (…) de négationniste de la science, de misogyne ».

Pour sa part, le premier ministre espagnol a accusé lundi Javier Milei de ne pas avoir été « à la hauteur » des « liens fraternels unissant l’Espagne et l’Argentine » et s’est dit conscient qu’il n’avait pas parlé « au nom du grand peuple argentin ».

Les tensions entre Madrid et Buenos Aires avaient éclaté il y a deux semaines après les déclarations du ministre des transports espagnol, Oscar Puente, qui avait suggéré que M. Milei se droguait.

La présidence argentine avait alors réagi en accusant Pedro Sanchez de n’apporter que « pauvreté et mort » en Espagne avec ses politiques. La numéro trois du gouvernement espagnol, Yolanda Diaz, avait, pour sa part, accusé vendredi M. Milei de semer la « haine ».

Le Monde avec AFP

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