« Les émeutes de juillet 2023, dernier épisode d’une crise politique sans fin »

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L’assassinat du professeur Dominique Bernard par un militant islamiste le 13 octobre 2023 est venu réveiller le souvenir douloureux de celui de Samuel Paty, tout juste trois ans auparavant. Avec le massacre organisé par le Hamas en Israël, on a vu en 2023 se décliner toutes les versions de la terreur islamiste. Ces événements, aussi choquants soient-ils, n’étaient cependant ni imprévisibles ni surprenants, s’inscrivant dans une longue suite d’attentats meurtriers contre des civils.

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L’originalité politique de 2023 n’est donc pas, malheureusement, à trouver de ce côté. Sur le terrain de l’analyse politique, elle se trouve dans les émeutes de juillet, révélant la partie immergée d’un iceberg de nouvelle violence politique et de refus non seulement de la démocratie représentative, mais également d’une culture ouverte des Lumières. Cela dans un pays ayant fait de la République et de son unité l’emblème de sa singularité historique.

Aux traditionnels incendies de voitures qui avaient marqué les émeutes de 2005 se sont ajoutés en 2023 ceux des mairies, des écoles, de tout ce qui relève des institutions publiques. Si ces violences débouchent également sur des pillages de magasins, elles restent néanmoins profondément politiques, et cela à plus d’un titre. Ce n’est plus l’ordre bourgeois qui est visé, c’est le mode de vie démocratique en tant que tel, ce qui porte le témoignage d’une haine profonde contre une société que l’on ne comprend plus qu’au travers du pouvoir d’achat, du consumérisme et d’une autonomie vécue sur le mode défensif.

Ni slogan ni programme révolutionnaire

Pour les émeutiers, l’Etat de droit n’existe plus, il est (et doit être) remplacé par un rapport de force. Ces violences se sont inscrites à la suite d’une série ininterrompue de manifestations à caractère plus ou moins insurrectionnel, des « gilets jaunes » aux quatorze journées de mobilisation contre la réforme des retraites. Elles témoignent de cette crise politique sans fin qui accompagne le macronisme et semble lui être coextensif.

La logique managériale que le président a voulu imposer au pays comme s’il s’agissait d’une vaste entreprise privée ne parle qu’aux élites coutumières de l’ouverture européenne et voyant la mondialisation comme une source de bienfaits et de profits. Pour beaucoup d’autres, l’autonomie fait peur, elle renvoie au déclin social et à l’oubli, elle pousse à rechercher des liens de proximité et une solidarité même provisoire au prix parfois de la délinquance ou du crime.

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