le prix de la « double peine » de pauvreté

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Dans un garage de Carquefou (Loire-Atlantique), en novembre 2022.

Logement, énergie, transports, assurance habitation, crédit : tous ces postes de dépenses des ménages sont affectés par le phénomène de « double peine de pauvreté », mais celui-ci n’est pas une fatalité. C’est la conclusion de l’étude que publient, jeudi 1er février, La Banque postale et l’association Action Tank Entreprise & Pauvreté, pour dresser un état des lieux du phénomène mais aussi pour montrer la nécessité de multiplier les mécanismes de soutien, publics comme privés, permettant d’atténuer ses effets.

La double peine de pauvreté, identifiée dès les années 1960, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, désigne le fait que les ménages les plus modestes, au-delà d’un pouvoir d’achat plus faible, sont souvent pénalisés par la nécessité de payer certains biens ou services plus cher que le reste de la population.

A l’origine de ce phénomène se trouvent une vingtaine de facteurs bien identifiés, parmi lesquels des effets de volume lorsque le fait d’acheter en plus petites quantités renchérit la facture globale, d’exclusion quand le profil de risque et le manque de trésorerie limitent l’accès à certains biens ou services de qualité, ou encore de manque d’information et de localisation.

Les exemples ne manquent pas, du véhicule plus ancien, dont le coût d’usage augmente avec le temps, aux frais bancaires facturés sur un compte à découvert en passant par les « surprimes » d’assurance constatées dans certaines communes, voire dans certaines configurations familiales.

« Inflation qui ne touche que les pauvres »

En 2023, montre l’étude réalisée en partenariat avec Boston Consulting Group, cette double pénalité a représenté un excédent de dépenses de 700 euros en moyenne pour les ménages français les plus pauvres : 745 euros pour ceux du premier décile – les 10 % de la population percevant les plus bas revenus – et 640 euros pour ceux du deuxième décile. Des montants qui correspondent respectivement à douze et huit semaines d’achats alimentaires.

La double pénalité « est un phénomène insidieux », explique Jacques Berger, directeur de l’Action Tank Entreprise & Pauvreté : « Pour une forte minorité des ménages du premier décile, cela peut représenter 10 % de leurs ressources. C’est en quelque sorte une inflation spécifique qui ne touche que les pauvres. » Cette inflation contribue à la fois à la dégradation des conditions de vie et à la diminution du « reste à vivre », le pouvoir d’achat résiduel une fois assumées les dépenses contraintes.

Pour 20 % des ménages des deux premiers déciles, la double pénalité représente plus de 1 000 euros par an et, parmi les profils les plus touchés, se trouvent des étudiants, des bénéficiaires de minima sociaux et des personnes en situation de handicap mais aussi des agriculteurs exploitants, des ménages en cours d’accession à la propriété vivant dans de petits logements mal isolés.

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