Le mauvais exemple de la démission annoncée du président du Conseil européen, Charles Michel

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Tout le monde l’ignorait, mais la durée de la fonction de président du Conseil européen, ce « chef d’Etat collectif » de l’Union, ce « visage de l’Europe politique », peut donc être de pure convenance. C’est du moins la leçon à tirer de l’annonce faite, le 6 janvier, par le Belge Charles Michel de sa candidature aux élections européennes du 9 juin, qui l’amènera à abandonner sa fonction de président dès la mi-juillet, au plus tard. La date de sa communication n’était pas choisie au hasard puisqu’elle précédait de vingt-quatre heures l’annonce par le Mouvement réformateur, le parti du libéral belge, de ses listes pour les européennes.

M. Michel ne voulait laisser à personne d’autre le soin d’annoncer qu’il emmènerait la liste de cette formation dont il était le président lors du précédent scrutin européen, en 2019. Une manière, assez habituelle chez lui, de mettre en scène ce qui apparaît, au mieux, comme une fuite en avant, au pire comme le jalon nécessaire d’un plan de carrière.

Charles Michel a fait mentir son entourage qui, interrogé par Le Monde en octobre, affirmait que son ambition était d’aller au bout de son mandat, dont le terme est fixé en novembre 2024. Il force par ailleurs les chefs d’Etat et de gouvernement à trouver rapidement son remplaçant afin d’éviter que le Hongrois Viktor Orban, dont le pays assumera la présidence tournante de l’Union le 1er juillet, assure un intérim qui serait par trop dérangeant.

Censé comme ses deux prédécesseurs – son compatriote Herman Van Rompuy et le Polonais Donald Tusk – assumer son mandat jusqu’au bout, l’ex-premier ministre belge ne pouvait, en fait, rater le train des élections européennes s’il voulait s’assurer une future fonction. Ou, selon sa formule, « jouer un rôle actif dans le débat démocratique européen ». Car le président et ses proches l’affirment : il est également animé d’une volonté de faire juger son bilan par les électeurs. Il délaissera donc son poste avant le 16 juillet, date de la prestation de serment des nouveaux élus à Strasbourg.

Un bilan impossible à établir

Son choix est aussi rationnel qu’inévitable : lui qui cachait mal son ambition d’assumer encore une haute fonction internationale n’était absolument pas certain d’être l’un des bénéficiaires du futur « mercato » européen, cette répartition des postes orchestrée après les élections. Contrairement à Herman Van Rompuy, parti à la retraite, et à Donald Tusk, qui fut président du Parti populaire européen avant de vaincre le parti Droit et justice aux élections législatives polonaises du 15 octobre, M. Michel, 48 ans, ne pouvait donc assumer son mandat jusqu’à son terme. Sauf à renoncer à la funeste pratique des professionnels de la politique, en quête de mandats à n’importe quel prix.

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