Le futur centre de rétention pour migrants voulu par Meloni en Albanie soulève des critiques

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La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, et le premier ministre albanais, Edi Rama visitent le chantier du futur centre d’identification du port de Shengjin, en Albanie, le 5 juin 2024.

Pour conclure la campagne des élections européennes, la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a choisi de se rendre en Albanie, alliée fidèle dans la mise en œuvre de la politique migratoire pensée par la dirigeante nationale-conservatrice. Dans le nord du pays, mercredi 5 juin, elle a visité avec son homologue italophone et italophile, Edi Rama, le lieu où doit sortir de terre l’un de ses grands desseins : l’installation en territoire albanais de structures de traitement des procédures d’asile, projet sur lequel elle a misé beaucoup politiquement. La cheffe de l’exécutif s’est ainsi rendue dans le futur centre d’identification du port de Shengjin et sur le chantier du centre de rétention de Gjadër, situé à 20 kilomètres à l’intérieur des terres, où doivent être retenus à l’avenir des migrants en attente de l’approbation de leurs demandes d’asile ou de leur expulsion.

Le projet albanais de Mme Meloni a fait l’objet d’un protocole d’accord entre Rome et Tirana signé en novembre 2023 pour une durée de cinq ans. Le texte prévoit que des migrants secourus en mer par des navires italiens soient transférés vers l’Albanie, où ils verront leurs demandes d’asile étudiées. Pour la présidente du conseil, l’enjeu est de normaliser une logique d’externalisation de l’asile, qui gagne déjà en popularité au sein des exécutifs européens. Son projet voit d’ailleurs le jour au moment où, en dehors de l’Union européenne, le gouvernement conservateur britannique de Rishi Sunak s’apprête à mettre en œuvre un arrangement allant en ce sens avec le Rwanda.

Mme Meloni, très proche du premier ministre britannique, a décrit mercredi son accord avec le gouvernement albanais comme ouvrant une « phase nouvelle » dans la gestion de la question migratoire. Selon elle, il « pourrait être reproduit dans de nombreux pays » et « pourrait devenir une partie de la solution structurelle de l’Union européenne ». De fait, dans une lettre adressée à la Commission fin avril, quinze États européens ont appelé à s’inspirer du protocole passé entre l’Italie et l’Albanie.

Coûts considérables

Aussi séduisantes soient-elles pour les partisans d’un durcissement de la politique migratoire européenne, les apparences radicales de l’accord passé entre Rome et Tirana masquent une réalité complexe. Contrairement au protocole signé par le Royaume-Uni et le Rwanda, l’Italie ne prévoit nullement de céder à l’Albanie ses responsabilités en matière d’asile. Les sites de Shengjin et Gjadër seront des emprises italiennes, opérées et gardées par des fonctionnaires italiens et où s’appliquera le droit italien. Si leurs demandes d’asile sont retenues, les personnes qui y seront passées pourront se rendre en Italie. S’ils doivent être expulsés, les expulsions auront également lieu après un transfert par le territoire italien.

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