le bilan en demi-teinte de la décennie Modi

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Une effigie grandeur nature du premier ministre, Narendra Modi, dans une rue de Bénarès, en Inde, le 26 mai 2024.

A son arrivée au pouvoir en 2014, Narendra Modi, maître dans l’art du récit, avait promis un grand dessein aux Indiens, « je veux en dix ans, faire du XXIe siècle, le siècle de l’Inde », avait déclaré le premier ministre, séduisant les hautes castes, les urbains aisés, animés par des rêves de fierté et de grande puissance, mais aussi les pauvres en quête d’une vie meilleure.

Narendra Modi promettait de changer le pays de fond en comble. Son bilan au terme de son premier mandat était jugé sévèrement. « L’Inde a raté ses réformes », titrait The Economist en 2019. Cinq ans de plus ont passé et le nationaliste hindou qui espère être reconduit le 4 juin, pour un troisième mandat, s’engage désormais à faire de l’Inde la troisième économie mondiale d’ici à 2030 et un pays développé à l’horizon 2047, pour le centenaire de l’indépendance de l’Inde. Dix ans après son accession au pouvoir, son bilan dessine une économie toujours en devenir et une démocratie fragilisée.

Montée en puissance de l’économie

En 2022, l’Inde s’est hissée au rang de cinquième puissance économique mondiale, devant le Royaume-Uni, avec un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) à 7,8 % pour l’exercice 2023-2024 selon le Fonds monétaire international (FMI). Largement soutenue par l’investissement public, le secteur des services, des mines et des produits pétroliers, cette croissance, réelle ou supposée – certains économistes dénoncent une « mystification » –, ne suffit pas à absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail, 10 millions par an. En raison d’une industrie insuffisamment développée, l’Inde connaît une crise de l’emploi qui affecte particulièrement les jeunes : 42 % des jeunes diplômés sont sans emploi.

Le PIB par habitant donne une autre idée de la richesse du pays. A environ 2 500 dollars (2 300 euros) par an, il place le sous-continent au 129e rang mondial. La plupart des réformes économiques de Modi, la numérisation de l’économie, l’amélioration de la collecte des impôts, avaient été préparées par son prédécesseur, Manmohan Singh. Le nationaliste hindou les a mis en œuvre, souvent avec brutalité, comme ce fut le cas avec l’instauration d’une TVA unique, la GST, en 2017, sa grande réforme fiscale. Cette harmonisation fiscale, imaginée au tournant des années 2000 a mis dix-sept ans à se concrétiser.

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Développement des infrastructures

La digitalisation des paiements lancée en 2016 est sans doute la meilleure initiative des dix dernières années. Elle a considérablement facilité le commerce et réduit le flux des échanges en numéraire. On paye désormais en Inde ses achats avec son téléphone, grâce à une plate-forme de transactions en temps réel UPI (unified payments interface). En 2023, le nombre de transactions a dépassé 100 milliards, pour une valeur de 2 000 milliards d’euros.

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