L’Assemblée nationale rejette la transformation du groupe d’étude France-Palestine en groupe d’amitié

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Le bureau de l’Assemblée nationale, sa plus haute instance collégiale, a rejeté mercredi 15 mai la demande de transformation d’un groupe d’étude France-Palestine en « groupe d’amitié », estimant que ses critères de création n’étaient pas réunis, au grand dam de la gauche et de son président MoDem.

L’Assemblée compte déjà en son sein un groupe d’étude à vocation internationale (GEVI) sur la Palestine, présidé par le député MoDem Richard Ramos, et qui réunit en son sein des députés de plusieurs bancs. M. Ramos souhaitait qu’il soit transformé en un groupe d’amitié comme il en existe pour la plupart des Etats, dont Israël.

Ces structures, qui disposent d’un budget, peuvent prendre des initiatives diplomatiques et culturelles, notamment auprès de Parlements et parlementaires étrangers, en effectuant par exemple des déplacements ou en invitant au contraire des représentants et citoyens étrangers en France.

« Erreur historique »

La demande de M. Ramos a été rejetée par onze voix contre huit, dans un contexte tendu par la guerre entre Israël et le Hamas, et la menace d’une offensive terrestre d’ampleur à Rafah. La gauche a voté pour. La droite et l’extrême droite s’y sont opposées, selon des sources parlementaires, comme la plupart des élus du camp présidentiel. M. Ramos a dénoncé une « erreur historique ».

La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, s’est prononcée contre, les critères présidant à la création d’un groupe d’amitié n’étant pas réunis selon son entourage : l’existence d’un Parlement dans l’Etat, la reconnaissance de l’Etat par l’ONU et des relations diplomatiques avec la France.

L’Autorité palestinienne dispose d’une représentante en France mais « ça fait plus de dix-sept ans [2006] qu’il n’y a pas eu d’élections législatives, et la Palestine n’est pas reconnue à l’ONU », argue une source parlementaire. « Le Parlement existe », et s’il n’y a pas eu d’élections c’est parce qu’« on n’arrive pas à faire avec nos amis israéliens de vote à Jérusalem-Est », a rétorqué M. Ramos.

« Il y a quelques jours seulement il y a eu un vote de la délégation permanente française à l’ONU » pour une adhésion de la Palestine, bloquée par un veto américain, a rappelé l’écologiste Sabrina Sebaihi.

Un autre argument de certains opposants à la mesure est que les GEVI permettent de conduire des initiatives diplomatiques similaires aux groupes d’amitié. Mais M. Ramos plaide pour qu’un groupe d’amitié France-Palestine vienne « travailler de façon commune » avec le groupe France-Israël, par exemple pour organiser des voyages à Jérusalem. « En diplomatie il faut une symétrie des formes », a-t-il insisté.

Il a par ailleurs regretté que deux députées MoDem aient voté contre le groupe d’amitié sur ce vote serré, alors qu’il assure que son groupe politique s’est prononcé hier « à 80 % pour » entériner la création de ce groupe.

« J’ai pris une décision personnelle mais fondée sur le droit », a répondu Elodie Jacquier-Laforge, vice-présidente MoDem à l’Assemblée. « Nous souhaitons arriver à une situation ou la Palestine sera reconnue comme un Etat de plein droit à l’ONU, mais notre volonté n’est malheureusement pas une réalité ».

Le Monde avec AFP

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