L’antisémitisme en pleine « marée montante » en Europe, selon une étude d’une agence de l’UE

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Manifestation contre l’antisémitisme, place de la Bastille, à Paris, le 20 juin 2024, après le viol d’une adolescente de 12 ans à Courbevoie par trois adolescents du même âge.

Les juifs sont « plus angoissés que jamais en Europe » face à la « marée montante de l’antisémitisme », le conflit au Proche-Orient sapant les efforts menés par l’Union européenne (UE), selon une vaste enquête européenne publiée jeudi 11 juillet par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA).

La FRA, agence de l’UE basée à Vienne, en Autriche, a soumis un questionnaire en ligne entre janvier et juin 2023 à près de 8 000 juifs, âgés de 16 ans ou plus, vivant dans treize Etats accueillant 96 % de la population juive de l’Union. Il s’agit de la troisième enquête sur le sujet, après celles de 2013 et de 2018.

Selon ce rapport, « 96 % d’entre eux » ont été confrontés à l’antisémitisme « en ligne » ou dans leur quotidien au cours des douze mois précédant l’enquête. Une écrasante majorité juge que « la situation s’est aggravée ces dernières années », écrit en préambule sa présidente, Sirpa Rautio, alors même qu’ils ont été interrogés « avant les attaques du Hamas en octobre 2023 et la guerre à Gaza ».

Une « augmentation spectaculaire » des incidents

Dans ce contexte tendu, 76 % des juifs ont dit « cacher occasionnellement leur identité » en Europe. C’est particulièrement le cas en France, où ils sont 83 % à le faire. Depuis l’escalade entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, le tableau s’est encore noirci, selon des informations recueillies « plus récemment auprès de douze organisations communautaires juives ».

« Les retombées du conflit érodent des progrès durement acquis » et observés après l’adoption de la toute première stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme, en 2021, avec une « augmentation spectaculaire » des incidents. En France, 74 % des juifs estiment que le conflit a un impact sur leur sentiment d’insécurité, le taux le plus élevé parmi les pays sondés, où ils sont 62 % à éprouver un tel ressenti en moyenne, contre seulement 9 % en Hongrie.

Le « stéréotype négatif » accusant les juifs de « détenir le pouvoir, de contrôler la finance et les médias » est celui le plus fréquemment utilisé, suivi du « déni d’Israël à avoir le droit d’exister en tant qu’Etat ».

Dans 4 % des cas, les répondants ont déclaré avoir subi des agressions physiques antisémites, contre 2 % en 2018. Et 60 % d’entre eux trouvent que les efforts de leur gouvernement pour combattre l’antisémitisme ne sont pas assez importants. Au détriment de leurs activités, les organisations juives subissent un poids financier toujours plus important pour assurer leur sécurité, qu’elles doivent souvent gérer elles-mêmes.

Le Monde avec AFP

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