La ville d’Avdiïvka tombe aux mains de l’armée russe après des mois de combats

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Cette photographie publiée le 14 février 2024 par le service de presse des forces armées ukrainiennes montre le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky (2e à gauche) et le ministre ukrainien de la défense Rustem Umerov (à gauche) visitant les positions de première ligne dans l’est de l’Ukraine, près d’Avdiïvka et de Koupiansk.

Les forces russes continuent de progresser sur le front oriental en Ukraine, le seul où elles ont enregistré, en deux ans d’invasion du pays, des victoires militaires. L’armée de Moscou a conquis, vendredi 16 février, la ville d’Avdiïvka, dans la région de Donetsk. Kiev confirme de son côté avoir donné un ordre de retrait aux dernières troupes ukrainiennes encore présentes dans la ville.

La conquête d’Avdiïvka est une victoire symbolique importante pour la Russie. La ville avait deux fois changé de mains en 2014, lors des premiers affrontements. Malgré sa proximité avec Donetsk, « capitale » des séparatistes prorusses du Donbass, elle était finalement restée contrôlée par l’armée ukrainienne et était devenue, durant dix ans, une ligne de front. Le nouvel assaut russe contre la ville a été lancé le 10 octobre 2023. Il a donc fallu quatre mois à Moscou pour s’en emparer, au prix de pertes, semble-t-il, très importantes.

La victoire russe est toutefois plus symbolique que stratégique. A part le fait qu’elle est un point d’accès à la ville de Donetsk, Avdiïvka n’a, comme Bakhmout conquise en mai 2023, pas une importance cruciale au regard du vaste champ de bataille ukrainien. Dans le Donbass, après l’échec à prendre Kiev, au début de l’invasion, lancée en février 2022, les forces de Moscou ne sont, après les conquêtes initiales de Marioupol (20 mai 2022) puis des villes jumelles de Sievierodonetsk et de Lyssytchansk (24 juin et 3 juillet 2022), parvenues qu’à conquérir les deux bourgades de Bakhmout et d’Avdiïvka.

« Préserver les vies des soldats »

Le simple fait que neuf mois se soient écoulés entre ces deux conquêtes illustre même davantage la détermination acharnée des combattants ukrainiens à défendre leur territoire que la capacité russe, malgré sa supériorité militaire, à obtenir des victoires décisives. Le cœur névralgique des forces ukrainiennes dans le Donbass, Kramatorsk, n’a ainsi jamais été menacé.

Pour Kiev, la fin de la bataille d’Avdiïvka fut autant une épreuve de résistance militaire qu’un test de la tactique qu’adopterait le nouveau commandement des forces armées. Le général Oleksandr Syrsky, nommé le 8 février à la tête de l’armée par le président, Volodymyr Zelensky, en remplacement du général Valeri Zaloujny, incarnait en effet la défense jusqu’au-boutiste de Bakhmout lorsqu’il était commandant de l’armée de terre. Il avait alors été critiqué au sein des forces armées pour avoir sacrifié trop d’hommes.

Pour sa première décision dans ses habits neufs de chef des forces armées, le général Syrsky a tenu à annoncer lui-même, dans un communiqué, qu’il avait donné l’ordre de retrait d’Avdiïvka pour « préserver les vies et la santé des soldats ». « J’ai décidé de retirer nos unités de la ville et de passer à la défense sur des lignes plus favorables, a-t-il écrit. Nos soldats ont accompli leur devoir militaire avec dignité, ils ont fait tout leur possible pour détruire les meilleures unités militaires russes et infligé des pertes significatives à l’ennemi. » Le président Zelensky, actuellement en voyage en Europe, avait validé depuis Berlin l’idée que le commandement militaire devait avant tout « minimiser les pertes » en vies humaines.

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