la préfecture du Nord ordonne la fermeture de la Halte Saint-Jean, en grève depuis six mois, par « mesure de protection »

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Des pancartes devant l’entrée de la Halte Saint-Jean, à  Saint-André-lez-Lille, le 21 novembre 2023.

La préfecture du Nord a ordonné, mercredi 3 janvier, la fermeture de la communauté Emmaüs de la Halte Saint-Jean, citant un risque d’incendie. Cette décision survient alors que des compagnons de cette communauté sont en grève depuis six mois pour dénoncer leurs conditions de travail et demander leur régularisation.

Installée à Saint-André-lez-Lille (Nord), la Halte Saint-Jean doit être mise aux normes car une commission a relevé des anomalies, notamment « l’absence d’un système incendie adéquat », lors d’une visite au mois d’octobre, précise la préfecture dans un communiqué. Elle note que l’arrêté préfectoral « est bien une mesure de protection et non une mesure d’expulsion », parce que l’exploitant n’a pas entrepris de travaux depuis cette visite.

Une intervention policière n’est pas prévue dans les prochains jours à la Halte Saint-Jean, devant laquelle les grévistes, soutenus par la Confédération générale du travail (CGT) et un collectif de sans-papiers, tiennent un piquet de grève depuis le début de juillet, assure la préfecture. Elle rappelle qu’il incombe à Emmaüs d’assurer le relogement des compagnons le temps de la mise aux normes de l’établissement.

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La question du relogement

Mardi, le président de la Halte Saint-Jean, Pierre Duponchel, avait déclaré être prêt à reloger les compagnons non grévistes, mais renvoyait à la fédération Emmaüs France – qui a engagé une procédure de conflit contre cette communauté – pour le devenir des grévistes.

« Aujourd’hui, on ne peut même pas entrer dans le site malgré une décision de justice » ordonnant la levée du blocage, avait-il assuré, appelant « les manifestants » à quitter les lieux. « L’accès au site n’est pas possible même pour faire des travaux », avait-il ajouté.

Pour la Gabonaise Alixe, une des porte-parole des grévistes, l’arrêté de fermeture « est juste une stratégie du préfet pour casser le mouvement de grève ». « Nous sommes des victimes à protéger et on veut nous mettre à la rue, nous disperser », s’indigne-t-elle.

La Halte Saint-Jean est visée depuis le mois de mai par une enquête pour « traite d’êtres humains » et « travail dissimulé ». Les grévistes assurent travailler quarante heures par semaine et toucher un salaire inférieur à celui préconisé par Emmaüs France, avec des perspectives de régularisation incertaines.

Depuis 2018, un sans-papiers qui peut justifier d’au moins trois années d’activité dans un organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires, ainsi que de perspectives d’intégration, peut se voir accorder une carte de séjour. La Halte Saint-Jean est l’une des rares communautés Emmaüs à ne pas avoir adopté ce statut.

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Le Monde avec AFP



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