La Pologne dénonce un piratage russe après la publication de faux articles évoquant une mobilisation militaire

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Le premier ministre polonais, Donald Tusk, au centre, entouré du ministre de la défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz (à gauche), et de son collègue de l’intérieur, Tomasz Siemoniak (à droite), à Dubicze Cerkiewne, dans l’est de la Pologne, le 29 mai 2024.

Deux articles publiés, vendredi 31 mai, sur le site de l’agence de presse nationale polonaise (Polska Agencja Prasowa, PAP) annonçant une mobilisation militaire partielle à partir du 1er juillet étaient totalement faux, et résultaient d’un piratage informatique attribué à la Russie, ont annoncé le gouvernement et les services de renseignement polonais.

Les articles, publiés sur le site de l’agence de presse, annonçaient que 200 000 personnes allaient être mobilisées de force, et envoyées en Ukraine. Immédiatement après la publication, PAP a supprimé les deux textes, et a annoncé qu’ils n’avaient pas été écrits par des employés de l’agence de presse.

« Ces messages sur une mobilisation partielle sont faux », a écrit sur X, en début d’après-midi, le vice-premier ministre polonais, Krzysztof Gawkowski. « Une enquête a été ouverte. Tout pointe dans la direction d’une cyberattaque et d’une opération concertée de désinformation. » L’enquête a été confiée à l’ABW, le service de renseignement intérieur polonais, a précisé M. Gawkoski, et le premier ministre, Donald Tusk, est tenu au courant en temps réel des avancées des investigations.

Une cyberattaque « dirigée par la Russie »

Pour le gouvernement polonais et ses services de renseignement, l’origine de ce piratage présumé ne fait guère de doutes. « Tout indique que nous sommes face à une cyberattaque dirigée par la Russie », a déclaré M. Gawkowski. « Le but est de répandre de la désinformation avant les élections et de paralyser la société. » « Des mesures immédiates ont été prises suite à une probable cyberattaque russe contre l’agence de presse polonaise et à la diffusion de messages de désinformation sur une prétendue mobilisation en Pologne », a écrit de son côté Jacek Dobrzynski, porte-parole des services de renseignements polonais, sur le réseau social X.

En avril, un piratage similaire avait touché le site Internet de l’agence de presse publique tchèque CTK. Deux faux articles affirmant que les services de renseignement tchèques avaient empêché un attentat contre le président slovaque fraîchement élu, Peter Pellegrini, avaient été publiés.

Comme la plupart des pays européens, la Pologne est en vigilance accrue, à une semaine des élections européennes, contre d’éventuelles tentatives d’ingérence ou de perturbation du vote – le pays fait partie des pays traditionnellement très visés par les opérations de désinformation prorusses. Fin mars, les services polonais, en lien avec leurs homologues tchèques, avaient publiquement dénoncé une opération de désinformation russe centrée autour du site Voice of Europe, financé par Moscou. Dans ce dossier, qui comporte aussi un important volet de corruption présumée d’assistants d’eurodéputés, la police bruxelloise a procédé mercredi à une série de perquisitions au Parlement européen.

Le Monde

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