La Fondation Abbé Pierre s’alarme de « l’aggravation de la crise du logement »

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Un homme dort dans les couloirs de la Gare de Lyon, à Paris, le 9 avril 2020.

« Diriger, c’est d’abord loger son peuple », avait prévenu l’abbé Pierre. Soixante-dix ans après qu’il a lancé, le 1er février 1954, son appel à la solidarité avec les sans-abris, sa phrase est reprise par Christophe Robert, président de la Fondation Abbé Pierre, qui publie son 29e rapport annuel. Selon lui, « le compte n’y est pas » : 2023 a été marquée par «« l’aggravation alarmante de la crise du logement » et « l’explosion de la bombe sociale du logement » ; quant à l’année 2024, « elle débute d’une façon très inquiétante, puisque Gabriel Attal vient de remettre en cause la loi SRU [relative à la solidarité et au renouvellement urbains], emblématique de l’ambition républicaine de mixité sociale », qui oblige les communes urbaines à atteindre au moins 25 % de logements sociaux.

Jeudi 1er février, il compte présenter le bilan d’une « année noire du mal-logement ». Et égrèner quelques chiffres : la saturation des plus de 200 000 places d’hébergement d’urgence, laissant chaque soir sans solution plus de 8 000 personnes, dont 2 400 enfants, qui avaient réussi à joindre le 115 ; le nombre record de demandes de logements sociaux (2,6 millions) tandis que leur production s’effondre (82 000 agréments en 2023, contre 124 000 de 2016), comme celle de l’ensemble des logements (295 000 mises en chantier, contre 435 000 en 2017), alors que dans l’intervalle, la location touristique a explosé.

Pourtant, « jamais l’effort public consacré au logement n’a été aussi faible », critique M. Robert : 41,5 milliards d’euros, alors qu’il rapporte 91,8 millions en prélèvements fiscaux. Pour revenir, comme en 2010, aux 2,2 % du produit intérieur brut consacrés au logement, il faudrait une rallonge de 17 milliards. Autre regret : « Aucune décision d’ampleur n’a été prise à la suite du Conseil national de la refondation dédié au logement », six mois de concertation à l’issue desquels les acteurs du secteur avaient, entre autres, demandé la régulation du prix du foncier.

« Renoncer à la politique d’austérité »

Devant le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchu, qui assistera à la présentation du rapport, à la Maison de la Mutualité, à Paris, puisqu’aucun ministre délégué au logement n’a encore été nommé, Christophe Robert veut appeler à « renoncer à la politique d’austérité ». Il espère aussi convaincre de ne pas modifier la loi SRU alors que le premier ministre Gabriel Attal a annoncé mardi 30 janvier dans son discours de politique générale la prise en compte du logement intermédiaire pour atteindre les quotas de logements sociaux. Cette catégorie « est trop chère pour 95 % des demandeurs de logements sociaux », fait valoir M. Robert, qui rappelle que « lors de son dernier combat, en 2006, l’abbé Pierre était parvenu à empêcher que cette loi de 2000 soit dénaturée ».

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