La Banque centrale européenne en route vers une baisse des taux en juin

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La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), jeudi 11 avril.

La Banque centrale européenne (BCE) persiste et signe : après l’avoir déjà fait comprendre lors de sa réunion de mars, elle a clairement laissé entendre, jeudi 11 avril, qu’une première baisse des taux d’intérêt était probable lors de sa réunion de juin. Dans le monde des banquiers centraux, où chaque mot est soupesé, une nouvelle phrase a été ajoutée dans son communiqué affirmant qu’une baisse « serait appropriée », à condition qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise du côté de l’inflation d’ici là. « Nous observons un processus de désinflation en cours », souligne Christine Lagarde, sa présidente.

L’inflation en zone euro au mois de mars était de 2,4 % sur un an, à son plus bas niveau depuis juillet 2021 (à l’exception de novembre 2023). Et si Mme Lagarde prévient qu’il y aura des « bosses » sur le chemin de la désinflation, avec des données qui seront sans doute volatiles dans les prochains mois, ses services prévoient que l’objectif officiel de 2 % d’inflation sera atteint mi-2025. Dans ces circonstances, et alors que l’économie est en pleine stagnation, la BCE peut commencer à lever le pied : ses taux d’intérêt, passés de – 0,5 % à 4 % entre 2022 et 2023, peuvent commencer à reculer.

La réunion du Conseil des gouverneurs de ce jeudi 11 avril se déroulait pourtant dans des conditions peu propices. Mercredi 10 avril, le chiffre de l’inflation aux Etats-Unis a surpris par sa robustesse, à 3,5 % sur un an en mars, son plus fort niveau depuis six mois. Les marchés financiers ont réagi vivement : les Bourses mondiales se sont repliées tandis que les marchés obligataires se sont tendus. Les investisseurs craignent que la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, ne doive repousser la baisse de ses taux d’intérêt, qui était également anticipée en juin.

Prudente pour la suite de l’année

La BCE allait-elle suivre ? Ou pouvait-elle prendre son propre chemin ? « La nature de l’inflation est différente aux Etats-Unis et dans la zone euro », a répondu Mme Lagarde. En particulier, les dépenses budgétaires américaines restent extrêmement fortes, contribuant à une surchauffe de l’économie intérieure. Rien de tel en zone euro, où l’inflation est plus faible qu’outre-Atlantique et où l’économie est en difficulté. D’ailleurs, « quelques-uns des membres du Conseil des gouverneurs » ont demandé une baisse des taux dès la réunion de ce jeudi 11 avril, reconnaît la présidente de la BCE.

Pour autant, l’institution monétaire se montre prudente pour la suite de l’année. « Nous ne nous pré-engageons pas sur un chemin particulier des taux d’intérêt », note le communiqué. Va-t-on vers deux, trois, voire quatre baisses d’ici fin 2024 ? Les analystes sont divisés, parce que l’évolution des prix reste instable.

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