Jordan Bardella estime que « les idées » du RN et de ses alliés connaissent « une poussée majeure » en Europe

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Aides de la PAC, écologie, libre-échange : des candidats des principales têtes de liste ont répondu aux questions du secteur agricole

Alors que les députés ont adopté mardi soir en première lecture le projet de loi d’orientation agricole du gouvernement, qui entend œuvrer au renouvellement des générations d’agriculteurs, des représentants des principales listes aux élections européennes étaient entendus quelques heures plus tôt, devant un parterre d’agriculteurs à Paris.

Un exercice non anodin : le budget de la PAC représente environ un tiers du budget de l’Union européenne (UE), et la France, première puissance agricole de la zone, en est le premier bénéficiaire avec plus de 9 milliards d’euros par an. Les élus du prochain Parlement européen devront décider si les sommes destinées aux agriculteurs resteront aussi importantes, si elles doivent être conditionnées au respect de règles environnementales, s’il faut renégocier les accords de libre-échange, s’il faut de nouveaux outils pour garantir des prix rémunérateurs ou aider les jeunes agriculteurs à s’installer.

Tous ces enjeux ont pris de l’ampleur avec la crise qui a soulevé les campagnes en début d’année et mis en avant « une forme de défiance du monde agricole vis-à-vis de cette Europe », a relevé Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, le premier syndicat agricole en France. D’où l’importance, selon lui, d’auditionner les responsables des questions agricoles des principales listes aux européennes lors de ce grand oral organisé par la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, les chambres d’agriculture, la coopération agricole, le média spécialisé Réussir et le centre de recherches de Sciences Po, Cevipof.

Sur les aides directes de la PAC par exemple, qui dépendent actuellement principalement de la surface des exploitations, les positions divergent. La liste Parti socialiste-Place publique propose de les faire évoluer vers « des aides à l’emploi et à l’utilité écologique », a déclaré l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau. « Il faut continuer à assurer, autant que faire se peut, la compétitivité de nos fermes et l’aide à l’hectare en est un élément essentiel », a estimé à l’inverse Céline Imart, numéro deux sur la liste Les Républicains (LR), elle-même productrice de céréales.

Jérémy Decerle, représentant de la liste macroniste Renaissance et éleveur, ne propose pas de mettre un terme aux aides à l’hectare mais « que la base du déclenchement des aides soit sur l’actif », soit le nombre de personnes travaillant dans l’exploitation. « On pourra orienter les aides agricoles de la PAC vers la modernisation, l’agrandissement de nos exploitations, faire confiance à la technologie », a déclaré de son côté Gilles Pennelle, représentant de la liste Rassemblement national.

Parmi les autres sujets souvent évoqués : les normes environnementales. Le pacte vert européen, ensemble de textes visant à atteindre les nouveaux objectifs climatiques de l’UE, a été beaucoup contesté lors des manifestations d’agriculteurs. Mais « je refuse de laisser le monde agricole face à une société civile qui potentiellement, dans dix ans, dans quinze ans, va exploser littéralement parce que toutes les pollutions environnementales auront atteint des proportions devenues ingérables », a déclaré Claude Gruffat de la liste Europe-Ecologie-Les Verts.

A l’opposé, la liste des zemmouristes de Reconquête ! propose de supprimer le lien entre les aides PAC et le respect de nouvelles règles environnementales, son représentant Olivier Cleland, chef d’exploitation, assurant que les agriculteurs « ont toujours réussi à s’adapter » face aux aléas climatiques. Les accords de libre-échange ont aussi été évoqués, Marina Mesure de La France insoumise défendant notamment « la sortie de tous les accords actuels », tandis que plusieurs candidats ont suggéré des clauses miroirs, un mécanisme imposant aux produits importés de respecter les mêmes normes que celles s’appliquant aux agriculteurs européens.



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