« Karim Benzema est en lien, on le sait tous, notoire avec les Frères musulmans. » Gérald Darmanin a enflammé les réseaux sociaux après avoir accusé Karim Benzema d’être lié à l’organisation islamiste née en Egypte, ce que le Ballon d’or a vigoureusement démenti mercredi par la voix de son avocat, Hugues Vigier.
« Ceci est faux ! Karim Benzema n’a jamais eu la moindre relation avec cette organisation », a réagi dans un communiqué Me Vigier, en réponse aux propos tenus par le ministre de l’intérieur lundi soir sur CNews. Gérald Darmanin s’exprimait à la suite de la publication sur X (ex-Twitter) de l’international de football adressant « toutes [ses] prières pour les habitants de Gaza victimes une fois de plus de ces bombardements injustes qui n’épargnent ni femmes, ni enfants ».
« Prier le 15 octobre pour des populations civiles sous les bombes qui n’épargnent ni les femmes ni les enfants ne constitue évidemment ni “propagande pour le Hamas”, ni “complicité de terrorisme ni actes de collaboration” », a répliqué l’avocat du joueur. « C’est, je veux le croire, la compassion naturelle en face de ce que beaucoup qualifient aujourd’hui de crimes de guerre qui se commettent à Gaza, mais qui n’enlève rien à l’horreur des actes terroristes du 7 octobre, qui ne se discute pas », a ajouté Hugues Vigier, en évoquant le dépôt éventuel d’une plainte contre M. Darmanin pour diffamation ou injure publique.
Selon l’avocat, « nous assistons une fois de plus à une instrumentalisation intolérable de Karim Benzema et de la “figure symbolique” qu’on se plaît à lui attribuer ». Tout au long de sa carrière, Karim Benzema, 35 ans, considéré comme l’un des meilleurs attaquants de sa génération, a régulièrement été la cible de critiques politiques, en particulier en provenance de la droite et de l’extrême droite.
L’entourage de Darmanin parle d’« une lente dérive »
Interrogé par l’Agence France-Presse sur une éventuelle saisie de la justice par le ministre, l’entourage de Gérald Darmanin a répondu que les « prises de position » du joueur « ne relevaient pas de poursuites judiciaires ». « Mais, a-t-on ajouté, elles constituent un signal particulièrement flou de la part d’un sportif bénéficiant d’une telle audience. »
« Depuis plusieurs années, nous constatons une lente dérive des prises de position de Karim Benzema vers un islam dur, rigoriste, caractéristique de l’idéologie frériste consistant à diffuser les normes islamiques dans différents espaces de la société, notamment dans le sport », a-t-on poursuivi dans l’entourage du ministre.
On a cité le refus du joueur de chanter La Marseillaise lors de sélections en équipe de France, son « prosélytisme sur les réseaux sociaux autour du culte musulman, comme le jeûne, la prière, le pèlerinage à La Mecque » ou son « soutien à la publication du combattant russe de MMA Khabib Nurmagomedov, véritable appel à la haine à la suite de la publication de caricatures du prophète Mahomet dans la presse française ».
Les propos du ministre de l’intérieur interviennent dans un contexte marqué par les vives tensions au Proche-Orient, qui a entraîné un durcissement du projet de loi immigration.