« La construction de nouvelles prisons ne peut constituer une solution unique »

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De multiples voix s’élèvent pour dénoncer la surpopulation carcérale et l’indignité qui règnent dans les prisons françaises, dont certaines sont au bord de l’implosion. Après la mutinerie de la prison de Majicavo (Mayotte), le 28 septembre, la démission inédite d’un directeur de prison, destinée à attirer l’attention sur ce phénomène et sur les conditions de travail du personnel pénitentiaire, témoigne d’un contexte catastrophique.

La situation est, en effet, insoutenable. Au 1er octobre 2024, 79 631 détenus étaient écroués pour 62 279 places opérationnelles. La densité carcérale globale, qui est de 127,9 %, atteint 155 % dans les maisons d’arrêt. Certaines dépassent même 200 %.

En dépit des programmes de construction de nouvelles places, l’écart entre le nombre de détenus et celui des places opérationnelles ne cesse de croître depuis 1987 et, singulièrement, depuis une dizaine d’années : entre 2017 et 2024, le nombre de matelas au sol a plus que doublé, passant de 1 424 à 3 810. La dernière étude du Conseil de l’Europe, en juin, montre qu’au 1er janvier 2023 la France, sur 46 pays, faisait partie des 12 Etats dont la densité carcérale était supérieure à 100 %. Seuls Chypre et la Roumanie connaissent une densité supérieure.

Accroissement de la durée de détention

Cette surpopulation n’est pas liée à une augmentation du nombre de personnes qui entrent en prison : au cours des dernières décennies, le chiffre annuel a tendance à baisser. Elle est, en revanche, la conséquence de l’accroissement de la durée moyenne de détention, qui a été quasiment multipliée par 2,5 en vingt-cinq ans. Lorsqu’une personne entre en prison, elle y reste de plus en plus longtemps.

Comment expliquer cette surpopulation ? D’aucuns argueront que la suppression récente du crédit de réduction de peine – que les détenus perdaient pourtant en cas de mauvais comportement – au profit d’un mécanisme privilégiant les efforts du détenu en matière de réinsertion y a contribué.

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Mais les principaux motifs sont l’importance du taux de détention provisoire (26 %) et la présence de nombreuses personnes atteintes de troubles psychiatrique dont certaines n’ont pas leur place en prison. Ces dernières années ont, en outre, été marquées par un fort mouvement de balancier entre mesures sécuritaires et libérales : ces réformes successives et antinomiques ont débouché sur un millefeuille législatif extrêmement technique et peu lisible qui favorise l’augmentation des peines.

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