En renonçant à la course à la Maison Blanche, Joe Biden déclare vouloir « sauver la démocratie » et laisser la place à des « voix plus jeunes »

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Joe Biden lors de son discours à la nation, le 24 juillet 2024, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche à Washington.

Dans une allocution télévisée attendue et empreinte de gravité, Joe Biden a expliqué aux Américains, mercredi 24 juillet, les raisons qui l’ont poussé trois jours plus tôt à renoncer à se représenter à l’élection présidentielle, laissant la voie libre à sa vice-présidente Kamala Harris pour affronter Donald Trump en novembre.

« Je crois que mon bilan en tant que président, mon leadership dans le monde, ma vision de l’avenir de l’Amérique, tout cela méritait un second mandat », a d’abord avancé, depuis le bureau Ovale de la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans. « Mais rien ne peut nous empêcher de sauver notre démocratie, et cela inclut l’ambition personnelle. J’ai donc décidé que la meilleure façon d’avancer était de passer le flambeau à une nouvelle génération », a-t-il ajouté, affirmant qu’il souhaitait faire de la place à « de nouvelles voix, oui, des voix plus jeunes ».

« C’est la meilleure façon d’unir notre nation », a-t-il avoué sans citer son rival républicain Donald Trump, lors de ce discours d’une dizaine de minutes retransmis en direct par les principales chaînes de télévision américaines.

Kamala Harris est « expérimentée, forte et compétente »

Le 46e président des Etats-Unis a fini par céder dimanche à des semaines de pressions et d’inquiétudes sur son âge et son acuité mentale, en annonçant par le biais d’une simple lettre publiée sur le réseau social X qu’il se retirait de la course à la Maison Blanche.

« Ces dernières semaines, il m’est apparu clairement que je devais unir mon parti », a-t-il dit mercredi, tout en évitant d’aborder la réalité politique qui l’a conduit à son renoncement : sa performance manquée en juin contre Donald Trump lors d’un débat télévisé où il s’est exprimé de manière hésitante, est apparu blême et n’a pas réussi à réfuter les attaques de son adversaire.

La vice-présidente Kamala Harris, 59 ans, qui est depuis son retrait quasiment assurée d’être la candidate des démocrates, « est expérimentée, elle est forte, elle est compétente », a dit M. Biden. « Elle a été une partenaire incroyable pour moi, une dirigeante pour notre pays. Maintenant, c’est à vous, le peuple américain, de choisir », a-t-il poursuivi.

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Le président encore en exercice a également énuméré une longue liste de choses à faire pour les six derniers mois de son mandat, s’engageant à rester concentré jusqu’au bout sur sa fonction. Il a déclaré qu’il œuvrerait pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, lutterait pour renforcer le soutien du gouvernement à la lutte contre le cancer, agirait contre le changement climatique et ferait pression pour une réforme de la Cour suprême.

Donald Trump moque un discours « à peine compréhensible »

Juste après cette intervention historique – avant lui, seul le président Lyndon Johnson, en pleine guerre du Vietnam, avait annoncé en 1968 qu’il ne se représenterait pas –, Donald Trump a donné son avis sur le discours : « A peine compréhensible, et tellement mauvais ! ».

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Peu auparavant, lors d’un meeting de campagne en Caroline du Nord, le candidat investi par le parti républicain s’était moqué du renoncement du démocrate. « Biden ne sait même pas qu’il est en vie », a-t-il dit sur un ton méprisant à ses partisans lors de ce premier rassemblement depuis que Joe Biden a jeté l’éponge.

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Mais c’est à Kamala Harris, sa nouvelle rivale, que Donald Trump a réservé ses coups. L’ancienne procureure et sénatrice est une « cinglée de la gauche radicale » qui « va détruire notre pays », a lancé le milliardaire de 78 ans. « Elle veut des avortements au huitième et au neuvième mois de la grossesse, jusqu’à la naissance et même après la naissance, l’exécution de bébés », a-t-il faussement assuré.

Enthousiasme renouvelé

Avec l’irruption de Kamala Harris dans l’arène, l’ancien président républicain est obligé de revoir des pans entiers de sa stratégie électorale, qui était jusqu’ici largement axée sur le fait de se camper en leader énergique face à un Joe Biden en déclin. Les rares sondages publiés depuis l’entrée de la vice-présidente dans la course sont mitigés, plaçant les deux candidats au coude-à-coude.

La candidature de Mme Harris suscite un enthousiasme renouvelé pour une élection qui n’emballait jusqu’ici pas grand monde. L’organisation indépendante Vote.org, qui aide les électeurs à s’inscrire sur les listes, a, dans les deux jours qui ont suivi le retrait de Joe Biden, enregistré 38 500 nouveaux inscrits, la plupart âgés de moins de 35 ans. Soit le plus grand nombre d’inscriptions depuis le début de la campagne, battant même le record enregistré lorsque la chanteuse Taylor Swift avait incité ses fans à se rendre sur ce site pour trouver leur bureau de vote.

« Je crois que nous sommes confrontés à un choix entre deux visions différentes pour notre nation, l’une tournée vers l’avenir, l’autre vers le passé », a clamé Kamala Harris lors d’un déplacement à Indianapolis.

Le Monde avec AP et AFP

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