En mer de Chine méridionale, plusieurs blessés dans un nouvel accrochage entre forces navales chinoises et philippines

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Une capture d’écran diffusée par les gardes-côtes des Philippines montre un accrochage entre un navire de gardes-côtes chinois et le bateau philippin « Unaizah-May-4 » en mer de Chine méridionale, le 5 mars 2024.

En marge d’une mission de ravitaillement en mer de Chine méridionale, les gardes-côtes philippins ont accusé les forces chinoises d’avoir provoqué, mardi 5 mars, des collisions avec deux de leurs bateaux et d’avoir blessé quatre de ses personnels avec des canons à eau.

Les accrochages se sont produits dans le secteur du Second Thomas Shoal (ou atoll d’Ayungin, en français) des îles Spratleys, revendiquées par les deux pays et théâtre régulier d’incidents. Les Philippines y maintiennent des troupes en permanence. Les gardes-côtes chinois ont déclaré avoir « pris des mesures de contrôle » contre des « navires philippins après leur intrusion dans les eaux proches du récif Ren’ai [nom chinois de l’atoll d’Ayungin], dans les îles Nansha [nom chinois de l’archipel des Spratleys] », sans fournir davantage de détails.

La flottille philippine, constituée de deux bateaux ravitailleurs et de deux bateaux d’escorte, a été prise à partie au moment de s’approcher du Second Thomas Shoal, où des unités philippines sont stationnées à bord d’un navire échoué, le Sierra-Madre. Un des bateaux ravitailleurs, l’Unaizah-May-4, a été ciblé par des jets d’eau simultanés de deux navires chinois, qui ont brisé les vitres de son poste de commandement et fait quatre blessés, selon Manille.

Le représentant chinois à Manille convoqué

Ce bateau a également été victime d’une « collision mineure », selon cette source, et a dû rebrousser chemin sans avoir pu débarquer sa cargaison et les militaires destinés à relayer les troupes stationnées. L’autre bateau ravitailleur, l’Unaizah- May-1, a, lui, pu débarquer normalement son chargement sur le Sierra-Madre. Un navire d’escorte philippin a également été victime d’une « collision mineure » qui a « entraîné des dommages structurels mineurs », selon les autorités philippines.

Les navires chinois ont « harcelé, bloqué, déployé des canons à eau et exécuté des manœuvres dangereuses dans une nouvelle tentative d’entraver ou de gêner illégalement une mission de réapprovisionnement et de rotation de routine », a accusé le gouvernement philippin. Le porte-parole des gardes-côtes chinois, Gan Yu, a, de son côté, accusé les forces philippines d’avoir « volontairement » heurté un bateau chinois, lui causant une « éraflure ».

Un peu plus tard, les autorités philippines ont annoncé avoir convoqué le représentant chinois à Manille pour dénoncer des actions « agressives » de Pékin. Le ministère des affaires étrangères philippin a fait savoir au numéro deux de l’ambassade qu’il jugeait « inacceptable » cet incident.

Pour sa part, Pékin a exprimé de « vives protestations », a ajouté la porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, selon qui les navires philippins « tentaient de transporter des fournitures et des matériaux de construction » pour consolider le Sierra-Madre. L’ambassadrice américaine à Manille, MaryKay Carlson, a, elle, accusé la Chine de procéder à des « manœuvres dangereuses » qui « mettent des vies en danger ». Le représentant de l’Union européenne (UE), Luc Véron, s’est, de son côté, dit « troublé ».

Menace d’« une nouvelle escalade »

Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de plusieurs pays voisins, en dépit d’une décision de la justice internationale en 2016. Les Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam revendiquent également plusieurs récifs et îlots dans cette mer, dont certaines zones pourraient receler des réserves de pétrole. En décembre, des navires chinois avaient déjà tiré au canon à eau sur des bateaux philippins.

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Ce nouvel incident survient au lendemain d’une intervention du président philippin, Ferdinand Marcos, qui a de nouveau affiché sa fermeté face à la Chine. « Nous ne céderons jamais ne serait-ce qu’un centimètre carré de notre territoire », a insisté lundi le chef d’Etat en marge d’un sommet de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) et de l’Australie, à Melbourne.

Les relations entre Manille et Pékin se sont détériorées depuis l’élection, en 2022, du président Marcos, qui a décidé de renforcer les liens avec les Etats-Unis, alliés traditionnels du pays, et de s’opposer aux actions de Pékin en mer de Chine méridionale. Une approche qui a contrasté avec celle de son précesseur, Rodrigo Duterte, qui avait mis de côté les différends maritimes avec Pékin en échange de promesses d’investissements.

Le Monde avec AFP

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