En Hongrie, le pape François dénonce « les portes fermées à ceux qui sont étrangers, différents, migrants, pauvres »

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Csinger et sa famille n’auraient manqué l’occasion sous aucun prétexte. Le thésard en biochimie de 29 ans est venu avec femme et enfant, dimanche 30 avril, assister à la messe célébrée par le pape François sur la place Lajos Kossuth de Budapest, dominée par l’imposant palais abritant le Parlement hongrois. La grisaille a, en cette fin de week-end, heureusement cédé le pas à un radieux soleil qui éblouit le jeune homme.

La guerre en Ukraine qui occupe le pape depuis son arrivée dans le pays, vendredi, le père de famille s’y intéresse bien sûr, mais il serait venu écouter le pape de toute manière. En désaccord avec la politique de Viktor Orban, le premier ministre hongrois, dans tous les domaines, Csinger se réjouit en revanche du message de François sur les réfugiés et les migrants. « La situation est bien sûr compliquée, mais nous devons être plus accueillants que nous le sommes aujourd’hui », lance le jeune citoyen du pays européen le plus fermé aux réfugiés de l’Union européenne.

Le pape argentin ne cesse d’appeler lui aussi à leur accueil, au grand dam des autorités magyares qui lui reprochent son penchant pour les migrants non chrétiens. Pourtant, ce message semblait s’être noyé dans l’autre sujet qui occupait plus particulièrement le souverain pontife durant son 41e voyage apostolique : la guerre provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la position commune que partagent François et le premier ministre hongrois, Viktor Orban, pour en sortir. S’il en a parlé dans son premier discours, François n’a pu rencontrer, samedi, qu’un nombre réduit de réfugiés. Le pays, par sa politique particulièrement restrictive, en compte très peu en dehors des Ukrainiens, qui bénéficient d’un statut particulier de protection temporaire.

Dimanche, François a évoqué vigoureusement le sujet durant son homélie. Devant un Viktor Orban assis au premier rang, le chef de l’Eglise catholique a déclaré : « Il est triste et douloureux de voir des portes fermées. Les portes fermées de notre égoïsme envers ceux qui marchent chaque jour à nos côtés ; les portes fermées de notre individualisme dans une société qui risque de s’atrophier dans la solitude ; les portes fermées de notre indifférence à ceux qui sont dans la souffrance et la pauvreté. » Il a poursuivi en regrettant les « portes fermées à ceux qui sont étrangers, différents, migrants, pauvres. Et même les portes fermées de nos communautés ecclésiales, fermées entre nous, fermées au monde, fermées à ceux qui “ne sont pas en règle” ». Une allusion à la politique de fermeture étanche des frontières pratiquée par le premier ministre hongrois. Jorge Bergoglio a appelé à ce que « l’enclos soit inclusif et jamais exclusif » avant de lancer : « S’il vous plaît : ouvrons les portes ! »

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