« Devenir professionnel de santé ne devrait pas être un luxe »

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Quarante mille ou huit cents euros : lançons la roulette pour découvrir le prix de votre diplôme d’Etat de kinésithérapeute en France… Les 12 786 étudiants en kinésithérapie tirent la sonnette d’alarme sur la précarité qui règne dans leurs études.

Ceux inscrits à l’université se retrouvent durant quatre ans dans un institut de formation de masso-kinésithérapie (IFMK) public ou privé. C’est leur lieu de résidence qui décidera du prix de ce diplôme en fonction du statut de leur IFMK de secteur : de 826 euros pour un des 26 instituts publics jusqu’à une moyenne de 25 000 euros pour les 22 instituts privés (dont quatre à but lucratif).

Une même profession future, dans un même pays… et des disparités de frais de scolarité astronomiques pour les futurs professionnels de santé. Au sein même d’une région, les inégalités sont omniprésentes. Par exemple, dans les Pays de la Loire, pour obtenir le même diplôme, on observe une différence de 23 500 euros entre les deux instituts présents.

Comment se peut-il qu’entre deux étudiants habitant à 50 kilomètres l’un de l’autre et souhaitant exercer la même profession de santé, l’un n’ait d’autre choix que de commencer sa vie active avec le poids d’un prêt de 25 000 euros sur les épaules ? Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour habiter dans une ville qui dispose d’un IFMK public ou bien à renoncer à cette profession de santé.

Frais illégaux

Le code de la santé publique dispose qu’il est à la charge des régions d’assurer le fonctionnement et l’équipement des instituts lorsqu’ils sont publics et qu’elles peuvent aussi y participer lorsqu’ils sont privés. Concernant les IFMK publics, qui représentent 46 % des étudiants, ce n’est qu’après un recours mené par la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie que les régions ont assumé leur rôle légal de financeur. Auparavant, les étudiants payaient des frais de scolarité illégaux s’élevant jusqu’à 6 000 euros par an, pour des études dans le public.

Concernant les plus de 6 000 étudiants en kinésithérapie répartis dans les IFMK privés, des milliers d’euros sont à leur charge chaque année alors même que les régions peuvent participer au financement des études de leurs futurs professionnels de santé. Pourtant, actuellement, un étudiant en kiné sur trois souscrit un prêt lors de ses études. D’une valeur moyenne de plus de 25 000 euros, ces prêts sont pour 88 % d’entre eux nécessaires pour assumer le montant des frais de scolarité.

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