deux semaines après la mort de Thomas, une petite manifestation de « solidarité » à Romans-sur-Isère

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Une petite manifestation non autorisée s’est tenue dans le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, dans le sud-est de la France, le 2 décembre 2023.

Quinze jours après la mort violente de Thomas à Romans-sur-Isère dans la Drôme, et malgré les appels au calme et les interdictions de manifester visant particulièrement l’ultradroite, quelques dizaines de personnes se sont malgré tout rassemblées sur une place du quartier populaire de la Monnaie, au centre de l’attention, samedi 2 décembre à la mi-journée.

Certains suspects dans la mort du lycéen de 16 ans – tué en marge d’un bal de village à Crépol dans la nuit du 18 au 19 novembre – en seraient issus. « Unis contre ceux qui divisent » ou « Non à la récupération fasciste », proclamaient des pancartes déployées par ces personnes qui se disent mobilisées par « solidarité avec la famille de Thomas », mais aussi avec les habitants du quartier populaire qui s’estiment ostracisés depuis le drame.

Une discrète présence policière a surveillé l’attroupement qui, au-delà de l’appel à la concorde, s’inscrit aussi en réponse à la mobilisation de l’ultradroite qui crie vengeance depuis la mort du jeune rugbyman. Ils étaient environ deux cents à Paris vendredi soir, et restent mobilisés dans les environs de Crépol, selon une source policière.

A moins de 20 kilomètres de là, à Valence, la préfecture est sous haute protection policière, mais la situation est calme. Deux manifestations prévues en lien avec le drame de Crépol ont été interdites par la préfecture de la Drôme « en raison des risques de troubles à l’ordre public ».

« Tension palpable », deux conférences interdites

L’enquête pour meurtre en bande organisée ouverte par le parquet de Valence après la mort de Thomas a débouché sur la mise en examen de neuf jeunes, dont trois mineurs. Des photos avec identité présentées comme celles des agresseurs ont été largement diffusées par des comptes d’ultradroite qui appellent à la vengeance, notamment contre les habitants de la Monnaie.

La police a déclaré avoir reçu mercredi la plainte d’un facteur, un intérimaire originaire du quartier qui a été menacé par plusieurs individus avec un couteau et victime d’insultes racistes, selon le syndicat SUD-PTT. « On sent une tension palpable dans les classes » et un absentéisme en forte hausse, commente pour sa part Régis Roussillon, enseignant et membre du syndicat SNES-FSU, depuis le lycée de Thomas.

Au cœur des discussions aussi à la Monnaie, des propos de la maire, Marie-Hélène Thoraval (Les Républicains), qui avait dénoncé sur BFM-TV la drogue et « le niveau de délinquance » dans ce quartier prioritaire de la ville malgré les « 150 millions d’euros injectés depuis 2014 », et appelé à « d’autres formes de réponse ». La préfecture a précisé vendredi avoir placé sous protection l’édile et ses proches, après sa plainte pour des menaces de mort.

Signe des tensions dans la région, deux conférences prévues à Lyon dans le cadre de l’Antifa Fest, festival militant d’extrême gauche, ont été interdites vendredi par la préfecture du Rhône. Pour l’avocate de l’association organisatrice de l’événement, Agnès Bouquin, la préfète a préféré « empêcher de parler tout ce qui peut déranger » les mouvements d’ultradroite, au motif qu’elle « serait dépassée par les ligues fascistes ». Des demandes pour lever les interdictions ont été déposées et le tribunal administratif doit statuer sur la conférence de dimanche.

Le Monde avec AFP



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