des dizaines de morts à Gaza après des raids israéliens menés à la veille du ramadan

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L’armée israélienne a de nouveau largué des bombes sur Gaza, dimanche 10 mars, faisant des dizaines de morts à la veille du ramadan et en pleine mobilisation internationale pour envoyer de l’aide humanitaire à la population civile assiégée et menacée de famine.

Selon les autorités du Hamas, au moins 85 Palestiniens ont péri ces dernières vingt-quatre heures dans plus de soixante frappes nocturnes qui ont aussi touché des habitations dans le centre et le sud de Gaza, surtout à Khan Younès. Au moins treize personnes ont péri dans la chute d’obus sur des tentes de déplacés dans la région d’Al-Mawasi, entre Khan Younès et Rafah, a précisé le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas.

L’armée israélienne, dont les soldats opèrent dans de vastes secteurs du territoire palestinien, a fait état d’une trentaine de combattants palestiniens tués ces dernières vingt-quatre heures dans le centre de Gaza et à Khan Younès.

Avant le ramadan, le mois de jeûne musulman sacré qui commence lundi ou mardi, aucune indication ne permet d’espérer un accord de trêve dans ce conflit qui a fait, selon le ministère de la santé de la bande de Gaza, 31 045 morts, en majorité des civils, dans l’offensive militaire d’envergure menée par Israël en représailles à une attaque sanglante sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre.

Outre le lourd bilan humain et les destructions colossales, la guerre a provoqué un désastre humanitaire dans ce territoire palestinien exigu où, selon l’ONU, 2,2 des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine et 1,7 million ont été déplacés.

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Départ d’un bateau espéré dimanche

D’après le ministère de la santé de la bande de Gaza, vingt-cinq personnes, dont la plupart sont des enfants, sont mortes de malnutrition et de déshydratation. « Je nourris ma fille avec de l’eau, de l’eau, juste pour qu’elle ne meure pas. Je n’ai pas le choix », raconte une mère à Gaza-Ville, en tenant son bébé en pleurs dans ses bras.

Israël assiège la bande de Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer l’aide par voie terrestre qu’au compte-gouttes depuis l’Egypte, qui maintient sa frontière fermée.

Occupée par l’armée israélienne de 1967 à 2005, la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien depuis 2007, est bordée par Israël, l’Egypte et la mer Méditerranée. Ces derniers jours, plusieurs pays occidentaux et arabes ont largué des colis de nourriture et de matériel médical sur Gaza. Vendredi, l’Union européenne et les Etats-Unis ont annoncé préparer un corridor humanitaire maritime depuis Chypre, située à quelque 370 kilomètres de Gaza.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a espéré qu’un premier bateau, chargé par deux ONG de 200 tonnes de nourriture, pourrait partir dimanche. La porte-parole de l’ONG espagnole Open Arms, partenaire dans ce projet de l’ONG américaine World Central Kitchen, a précisé samedi que les autorités israéliennes avaient inspecté la cargaison. World Central Kitchen « a déjà des gens à Gaza » et « construit une jetée » pour pouvoir décharger la cargaison, selon elle.

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Reste à savoir comment cette aide pourra être acheminée à travers ce territoire quotidiennement bombardé par Israël et en proie aux combats.

Mise en garde contre une « famine généralisée presque inévitable »

Un navire de soutien logistique de l’armée américaine a par ailleurs quitté les Etats-Unis avec à son bord le matériel nécessaire à la construction d’une jetée temporaire à Gaza, annoncée par le président Joe Biden, pour décharger l’aide. Sa construction pourrait prendre jusqu’à soixante jours, selon le Pentagone.

Néanmoins, l’ONU, qui met en garde contre une « famine généralisée presque inévitable » à Gaza, affirme que les parachutages et l’envoi d’aide par mer ne peuvent se substituer à la voie terrestre. Cette aide passe par Rafah, ville située à la frontière égyptienne. Là sont massées, selon l’ONU, près de 1,5 million de personnes, en grande majorité des déplacés, qui font quotidiennement la queue à des points de distribution de nourriture et d’eau. Et qui craignent une offensive israélienne terrestre annoncée.

Samedi, Joe Biden a de nouveau critiqué le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui est déterminé à poursuivre la guerre pour en finir avec le Hamas et entrer à Rafah. « Il fait plus de mal que de bien à Israël. Il a le droit de défendre Israël, le droit de continuer à attaquer le Hamas. Mais il faut, il faut, il faut qu’il fasse plus attention aux vies innocentes perdues », a dit M. Biden.

Benyamin Nétanyahou est aussi critiqué dans son pays, où une partie de l’opinion publique veut un accord de trêve qui permettrait la libération des otages, alors qu’Israël et le Hamas s’accusent d’entraver un tel accord. Samedi soir, des milliers de personnes ont manifesté à Tel-Aviv pour exiger le départ de son gouvernement, la foule scandant « Elections ! Maintenant ! », « Honte au gouvernement ».

Le Monde avec AFP

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