« Chasse aux indésirables », un collectif d’associations s’attend à « un héritage antisocial » des JO de Paris 2024

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Une personne sans-domicile-fixe devant la cathédrale Notre-Dame, le 4 avril 2024 à Paris.

Depuis plusieurs mois, des dizaines d’associations alertent sur un éventuel « nettoyage social » dans les rues de Paris – et ses alentours – à l’occasion des Jeux olympiques (du 26 juillet au 11 août) et paralympiques (du 28 août au 8 septembre). Démantèlements de campements d’exilés, déplacements « forcés » de sans-abri, évacuations de squats, interdictions de distributions alimentaires…

Selon elles, les pouvoirs publics chercheraient, en accélérant le tempo ces dernières semaines, à se débarrasser au plus vite de milliers d’« indésirables » – prostituées, SDF, migrants ou vendeurs à la sauvette –, histoire de soigner, pour les futurs touristes (15 millions attendus), l’image de la ville hôte.

« Tirer la sonnette d’alarme n’était pas suffisant, argue Paul Alauzy, coordonnateur de la veille sanitaire à Médecins du monde. Il fallait documenter cette politique maltraitante envers les populations les plus fragiles avant le début des Jeux olympiques et paralympiques [JOP]. » Ainsi, lundi 3 juin, lui comme d’autres responsables associatifs – rassemblés au sein du collectif Le Revers de la médaille – ont rendu public un rapport intitulé « Un an de nettoyage social avant les JOP : “Circulez, y a rien à voir” ».

Dans ce document de 75 pages – que Le Monde a pu consulter –, ce collectif, qui regroupe plus d’une centaine d’organisations (dont Aides, le Secours catholique, Action contre la faim…), estime que Paris 2024 sera « un accélérateur d’exclusion des plus précaires ». Il s’appuie sur des données chiffrées – « non exhaustives » – issues des remontées de terrain de différentes associations, de témoignages ainsi que de l’« analyse juridique » de documents officiels (comme des arrêtés) entre le 26 avril 2023 – date de l’évacuation de l’immense squat à L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à proximité du futur village des athlètes – et le 30 mai 2024.

« Hors de tout cadre légal »

Durant ces treize mois, 138 expulsions de lieux de vie informels en Ile-de-France – situés non loin des sites olympiques – ont été recensées : 64 bidonvilles (à Cergy ou à Saint-Denis), 34 regroupements de tentes (Paris et Aubervilliers) et 33 squats (comme à Vitry-sur-Seine, le plus grand de France)… C’était, selon Le Revers de la médaille, 121 sur la même période en 2021-2022, et 122 en 2022 et 2023. Ces évictions ont concerné « a minima » 12 545 personnes, « une augmentation de 38,5 % par rapport à la période 2021-2022 », peut-on lire dans le rapport : « 3 434 étaient mineures, soit deux fois plus que l’an dernier, et presque trois fois plus qu’en 2021-2022. »

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