Ce que qu’il faut retenir après une attaque mortelle en Cisjordanie par des colons israéliens

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Retrouvez ici notre point sur la situation d’hier.

Des véhicules blindés de l’armée israélienne lors d’une opération militaire en Cisjordanie, le 14 août 2024.

Des dizaines de colons israéliens ont attaqué un village palestinien près de la ville de Kalkiliya, en Cisjordanie, tuant au moins une personne, jeudi 15 août, en fin de journée. Cette attaque a été condamnée par plusieurs dirigeants israéliens.

« Des colons armés ont attaqué le village de Jit, incendiant plusieurs véhicules », a rapporté l’agence de presse officielle palestinienne WAFA. Selon le ministère de la santé palestinien, l’attaque a provoqué la mort d’un homme de 23 ans, Mahmoud Abdel Qader Sadda, tombé « sous les balles de colons ». Un autre Palestinien a été blessé grièvement par un tir à la poitrine, ajoute le ministère. Le ministère des affaires étrangères palestinien a qualifié cette attaque de « terrorisme d’Etat organisé ».

Sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), un porte-parole de l’armée israélienne a dit que vers 20 heures, heure locale (19 heures, heure à Paris) « des dizaines de civils israéliens, dont certains masqués, [étaient] entrés dans (…) Jit, [avaient] incendié des véhicules et des infrastructures dans la zone, et lancé des pierres et des cocktails Molotov ».

Envoyés sur les lieux, des soldats et des membres de la police aux frontières « ont évacué les civils israéliens de la ville », a ajouté le porte-parole, précisant qu’« un civil israélien ayant pris part à la violente émeute [avait] été appréhendé et transféré à la police israélienne pour un interrogatoire ».

Condamnations de hauts responsables israéliens

« Je condamne fermement les troubles de la soirée en Samarie », a écrit le président israélien, Isaac Herzog, dans un message sur X, en utilisant le nom de la province biblique correspondant au nord de la Cisjordanie, employé par Israël pour désigner la région. « Il s’agit d’une minorité extrémiste qui porte préjudice à la population des colons respectueux des lois, à la colonisation dans son ensemble, et à [la réputation] d’Israël dans le monde, pendant une période particulièrement sensible et difficile », dénonce M. Herzog dans son message. « Les forces de l’ordre doivent agir immédiatement contre ce phénomène grave et traduire les contrevenants en justice », ajoute le président, dont le rôle est surtout protocolaire en Israël.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, « prend au sérieux les émeutes qui ont eu lieu ce soir dans le village de Jit », fait savoir dans un communiqué son bureau, qui assure que « les responsables de tout acte criminel seront arrêtés et poursuivis en justice ». Chef du Likoud, le grand parti de la droite israélienne, M. Nétanyahou gouverne depuis décembre 2022 avec l’appui de partis d’extrême droite, prônant l’extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, et même l’annexion pure et simple de l’intégralité de ce territoire palestinien qu’Israël occupe depuis 1967.

« Les émeutiers de ce soir à Jit n’ont rien à voir avec la colonisation et les colons », a affirmé sur X le ministre des finances, Bezalel Smotrich (extrême droite), grand architecte de l’extension de la colonisation juive en Cisjordanie observée depuis décembre 2022 et tout spécialement depuis le début de la guerre entre Israël et la bande de Gaza. « Ce sont des criminels qui doivent être traités par les autorités chargées du maintien de l’ordre public et avec toute la sévérité de la loi », a-t-il ajouté.

Réprobation internationale

« Les attaques par des colons violents contre des civils palestiniens en Cisjordanie sont inacceptables et doivent cesser », a déclaré, dans un communiqué, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale, organe rattaché à la Maison Blanche, exhortant également les autorités israéliennes à prendre les mesures nécessaires pour « protéger toutes les communautés ». « Cela inclut d’intervenir pour mettre fin à de telles violences, et de faire rendre des comptes aux auteurs de telles violences », a-t-il ajouté.

Sur X, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a aussi condamné cette attaque et a confirmé son intention de « déposer une proposition de sanctions de l’Union européenne contre les complices des colons violents, y compris certains membres du gouvernement israélien ».

Le ministre des affaires étrangères britannique, David Lammy a condamné cette attaque « abjecte » alors qu’il se trouve en Israël avec son homologue français. « « Les images de cette nuit de bâtiments incendiés, de cocktails Molotov jetés sur des voitures (…), de gens poursuivis pour être sortis de chez eux sont abjectes », a-t-il dit à Jérusalem. Stéphane Séjourné a lui aussi a jugé « inacceptable » cette attaque : « Tout acte qui viendrait à déstabiliser un processus de négociation et de conclusion d’un accord, notamment sur le cessez-le-feu » entre Israël et le Hamas à Gaza actuellement négocié par les médiateurs américains, égyptien et qatari, « est inacceptable », a-t-il déclaré.

L’entreprise de colonisation israélienne en Cisjordanie est régulièrement dénoncée comme une violation du droit international par l’ONU, qui y voit un des obstacles majeurs à l’établissement d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, les violences ont flambé en Cisjordanie. Au moins 633 Palestiniens y ont été tués par l’armée israélienne ou des colons, selon un décompte de l’AFP fondé sur des données officielles palestiniennes, et au moins dix-huit Israéliens, parmi lesquels des soldats dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations de l’armée en zone autonome palestinienne, selon les données officielles israéliennes.

Le Monde avec AFP

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