Aux Pays-Bas, l’ex-chef de l’antiterrorisme nommé premier ministre

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Dick Schoof (à droite), après sa nomination comme favori pour le poste de premier ministre, à La Haye, le 28 mai 2024.

Un haut fonctionnaire, Dick Schoof, 67 ans, sera le chef du nouveau gouvernement néerlandais : cette annonce surprise, faite mardi 28 mai par les quatre partis qui négocient toujours le programme et la composition de la future coalition, signe une autre première dans l’histoire des Pays-Bas. Jamais, en effet, ceux-ci n’ont été dirigés par une personnalité sans expérience parlementaire ou ministérielle.

M. Schoof, réputé apolitique – même s’il a naguère été membre du Parti social-démocrate – et doté d’un profil de « manager de crise », avait, selon le Parti pour la liberté (PVV) du populiste Geert Wilders et ses trois alliés, le profil idéal pour conduire un gouvernement dit « extraparlementaire », appelé aussi « cabinet d’affaires ». Celui-ci devrait, selon ses concepteurs, être « idéalement » composé pour moitié de représentants des partis et pour moitié de « techniciens ».

Actuel secrétaire général du ministère de la justice et de la sécurité, M. Schoof a travaillé aux ministères de l’éducation, de l’immigration et de l’intérieur avant de devenir, en 2013, le coordinateur national de la lutte antiterroriste, une fonction qu’il a abandonnée cinq ans plus tard pour diriger le Service général de renseignement et de sécurité du royaume jusqu’en 2020.

« Je ne crois pas à une laisse »

« Il est le candidat des quatre partis et celui de tous les Néerlandais », affirmait mardi Dilan Yesilgöz-Zegerius, dirigeante du Parti populaire pour la liberté et le progrès (VVD, libéral), qui dit avoir collaboré « de manière très agréable » avec ce haut fonctionnaire.

Geert Wilders s’est, quant à lui, dit « heureux et fier » du dénouement intervenu à La Haye après des semaines d’atermoiement. Le dirigeant d’extrême droite, vainqueur des élections de novembre 2023, n’avait pas caché son dépit après avoir été contraint de rompre avec la tradition : en mars, il avait renoncé au poste de premier ministre, qui échoit habituellement au dirigeant du premier parti. Ses partenaires libéraux et centristes (le Nouveau Contrat social, NSC, de Pieter Omtzigt) manifestaient très peu d’enthousiasme à l’idée de le voir diriger le pays et l’incarner à l’étranger. En s’effaçant, il avait sauvé les difficiles négociations qui ont finalement abouti, le 15 mai, à un accord sur les grandes lignes d’un programme pour la nouvelle coalition, réputée la plus à droite de l’histoire des Pays-Bas.

Lire aussi notre éditorial du 18 mai | Aux Pays-Bas, l’extrême droite impose son cap

Mardi, lors de sa première conférence de presse, Dick Schoof, manifestement tendu et peu disert, a été interrogé sur ses rapports avec Geert Wilders. Il a dit ne le connaître qu’« un peu seulement ». « Ne serez-vous pas tenu en laisse par lui ? », l’a interrogé un journaliste. « Il n’y a qu’un premier ministre et c’est moi. Je veux être celui de tous les Néerlandais, je ne crois pas à une laisse », a-t-il brièvement répliqué. Au lendemain des élections, il avait, dans une interview au magazine De Groene Amsterdammer, contesté l’idée que M. Wilders menacerait la démocratie et l’Etat de droit. Il se présentait toutefois comme la défenseur d’une société « diverse et inclusive », ce qui ne caractérise pas le dirigeant du Parti pour la liberté.

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