Aux Etats-Unis, la mobilisation propalestinienne prend de l’ampleur

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Des manifestants propalestiniens dans le hall de l’hôtel de ville de Chicago, le 31 janvier 2024, alors que le conseil municipal débat d’une résolution symbolique appelant à un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas.

Avec 7 500 résidents, la bourgade touristique d’Ojai, à 100 km au nord de Los Angeles, ne s’attendait pas à attirer l’attention médiatique en raison de la mobilisation propalestinienne de ses habitants. C’était sous-estimer la détermination d’un petit groupe de militants locaux, emmenés par le jardinier-paysagiste Cyrus Mayer, 29 ans, installé dans la localité californienne depuis deux ans.

Vêtu d’un keffieh et drapé dans un tissu couvert d’encre rouge, le jeune homme a fait irruption le 13 février, dans la salle du conseil municipal, où les élus débattaient de l’intolérable prolifération des locations à court terme. « Au secours !, a-t-il hurlé. Cessez-le feu ! Cessez le feu ! » Avant de s’effondrer au sol et de s’immobiliser, comme atteint d’un coup mortel. Les membres du groupe se sont emparés du micro et ont lu les noms d’enfants palestiniens tués dans les bombardements israéliens. Une femme a diffusé sur son portable des enregistrements de cris des victimes, captés sur les réseaux sociaux. « Pourquoi personne ne fait rien ? », a-t-elle lancé.

Depuis l’automne, les militants d’Ojai viennent, à chaque réunion du conseil municipal, réclamer l’examen d’une résolution de soutien à la population de Gaza. « C’est l’action la plus réaliste que nous puissions mener, explique Cyrus Mayer, interrogé par téléphone. Essayer de faire pression sur les autorités locales pour réclamer un cessez-le-feu. » Le militant, fils d’une mère juive ashkénaze et d’un père iranien, a grandi à Oakland (Californie). La pauvreté et « les brutalités policières » lui ont fait prendre « conscience des injustices » dès l’enfance, dit-il. Les autres membres du groupe – jeunes, septuagénaires, musulmans ou non – ont été réunis par leur sentiment d’impuissance devant une situation de plus en plus insoutenable. « Les images ont un effet énorme sur le soutien populaire », souligne Cyrus Mayer.

Outre le conseil municipal, le groupe a pris pour cible l’hôtel de luxe qui attire les célébrités hollywoodiennes, Ojai Valley Inn, un complexe de 350 chambres à 750 dollars la nuit (environ 690 euros). La propriété appartient à la famille Crown, de Chicago, l’une des 400 plus grandes fortunes américaines, selon le classement Forbes. Et l’un des principaux actionnaires de General Dynamics, le fabriquant d’équipements militaires dont les bombes sont utilisées par Israël. Les militants tiennent des rassemblements devant l’entrée de style colonial espagnol. « La mairie prétend que le conflit à Gaza se déroule hors de la juridiction municipale et qu’on n’a pas à s’en mêler. Mais Ojai perçoit des taxes d’un complexe touristique dont le propriétaire fait des bénéfices grâce au génocide des Palestiniens », critique Cyrus Mayer.

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