Au Venezuela, des arrestations dans l’opposition à quatre mois de l’élection présidentielle

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Maria Corina Machado, cheffe de l’opposition vénézuélienne, après une conférence de presse, à Caracas, le 20 mars 2024.

A quatre mois de l’élection présidentielle au Venezuela, deux proches de la dirigeante de l’opposition Maria Corina Machado ont été arrêtés, mercredi 20 mars, à Caracas. Et sept autres mandats d’arrêt ont été délivrés contre des membres de son équipe. « Ces arrestations sont un signe de grande faiblesse. Ils se savent perdus », a déclaré, à la presse, l’opposante de 56 ans, après avoir dénoncé « la brutale répression du régime contre ses équipes ».

S’exprimant à la télévision, le procureur général Tarek William Saab a indiqué que les neuf inculpés sont accusés d’avoir participé à un « complot déstabilisateur » et d’avoir notamment planifié « des attaques contre des casernes ». Il a précisé que les aveux d’un proche de Mme Machado, arrêté début mars, ont permis de déjouer ledit complot. La candidate à la présidentielle a démenti ces accusations, en qualifiant M. Saab de « procureur de la terreur ».

Ces nouvelles arrestations interviennent alors que la date limite du 25 mars pour l’inscription des candidatures à l’élection présidentielle approche. Dimanche, le président, Nicolas Maduro, a confirmé qu’il briguerait un troisième mandat, le 28 juillet, pour le Parti socialiste unifié du Venezuela. L’opposition, elle, est sous pression. Mme Machado, qui a remporté les primaires de l’opposition, ne peut, en effet, déposer sa candidature, le tribunal suprême de justice ayant récemment confirmé sa condamnation à quinze ans d’inéligibilité. La question de savoir si elle va se retirer de la course présidentielle au profit d’un autre candidat est posée.

Ne rien céder

L’opposition considère que l’inéligibilité de Mme Machado constitue une violation des règles électorales sur lesquelles elle s’est mise d’accord en octobre 2023 avec le gouvernement. Signé sous l’égide de la Norvège, l’accord de la Barbade avait reçu l’aval des Etats-Unis, qui ont décidé de suspendre partiellement les sanctions économiques contre le pays. Vendredi, le négociateur de l’accord, Gerardo Blyde, déclarait à la radio « qu’il était encore temps » pour le gouvernement de rectifier son erreur et « d’autoriser toutes les candidatures sans obstruction ». Mais plus personne ne semble y croire.

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Ultralibérale, déterminée et individualiste, Mme Machado a longtemps fait figure de pion incontrôlable. En gagnant les primaires avec plus de 90 % des voix, elle a créé la surprise et s’est imposée comme cheffe de l’opposition. Personne ne conteste désormais son leadership. La question de son éventuel remplacement est tactique. Sur les réseaux sociaux, des électeurs appellent la candidate à ne rien céder et à ne pas « laisser le dictateur Maduro choisir son adversaire ». Ils considèrent que l’abstention reste la seule option pour discréditer le régime.

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