Au procès Pelicot, « l’énigme » d’une personnalité « à double facette »

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L’entrée de la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, le 2 septembre 2024.

Dominique Pelicot est resté deux minutes dans son box, lundi 9 septembre : le temps pour l’avocate Béatrice Zavarro d’évoquer les « difficultés intestinales » et la « possible infection urinaire » de son client, et d’obtenir du président Roger Arata qu’il soit dispensé de cette sixième journée d’audience qui lui était pourtant intégralement consacrée.

C’est donc, étrangement, en l’absence de l’intéressé qu’une enquêtrice de personnalité, une experte psychologue et deux experts psychiatres se sont succédé devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, pour disséquer le parcours et le profil de Dominique Pelicot, dont on aurait aimé pouvoir scruter les réactions à certains propos tenus à la barre.

« Pas de traits de personnalité saillants », « rapport à la réalité correct », « pas de pathologie mentale », « pas d’antécédents psychiatriques », ont énuméré les spécialistes, auxquels Dominique Pelicot avait été présenté ; il avait aussi été qualifié par des proches, au fil de l’instruction, de « père incontestablement présent et aimant », « très investi dans l’éducation de ses petits-enfants », de « patriarche respirant le bonheur », au sein d’une « famille très unie ».

Dominique Pelicot a travaillé comme ouvrier puis conducteur de travaux dans une entreprise réalisant des installations électriques, puis est devenu agent immobilier, avant de vendre des alarmes, du matériel informatique ou des téléphones. C’était un homme bien inséré, il faisait du sport. Gisèle Pelicot a été le premier et unique amour de sa vie ; ils se sont mariés en 1973 et, malgré quelques turbulences dans les années 2000, renvoyaient l’image d’un « couple aimant, sans fausse note ».

Derrière cette « façade de normalité », selon les mots du psychiatre Paul Bensussan, Dominique Pelicot a été capable, pendant près de dix ans, de droguer sa femme pour pouvoir la violer et la faire violer dans son sommeil par des dizaines d’inconnus rencontrés sur Internet. Lui qui pratiquait une sexualité ordinaire avec elle lorsqu’elle n’était pas inconsciente laissait alors libre cours à toutes ses paraphilies – ou déviances sexuelles –, notamment sa « somnophilie aux confins de la nécrophilie » pointée par les experts. « Il va falloir approcher de près cette énigme », a dit Paul Bensussan.

Un accusé « à double facette »

« Quel ressort de personnalité permet à quelqu’un qui dit aimer son épouse de lui infliger ces scènes, d’assister à sa déchéance, de la mettre en danger ? Comment faire cohabiter cette contradiction vertigineuse ? », ont demandé Stéphane Babonneau et Antoine Camus, les avocats de Gisèle Pelicot.

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