Au Burkina Faso, les avocats en grève pour exiger la libération de leur confrère Guy Hervé Kam

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L’avocat burkinabé Guy Hervé Kam, à Ouagadougou, en novembre 2014.

Les avocats du Burkina Faso ont observé un arrêt de travail, jeudi 15 février, pour exiger la libération d’un de leurs confrères, enlevé fin janvier par des hommes en civil et détenu par les autorités burkinabées, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Le Conseil de l’ordre des avocats, en sa séance extraordinaire du 7 février 2024, a décidé d’observer un arrêt de travail le jeudi 15 février sur toute l’étendue du territoire, dans le cadre des actions engagées pour exiger la libération sans condition de leur confrère Guy Hervé Kam », avait écrit le bâtonnier Siaka Niamba dans un communiqué : « Les avocats sont donc invités à s’abstenir de participer aux audiences devant toutes les juridictions sans exception. »

Répondant à son appel, les avocats burkinabés ont déserté jeudi les tribunaux et la maison de l’avocat, à Ouagadougou. Les salles d’audience du tribunal de grande instance de la capitale sont restées vides, a constaté l’AFP.

Guy Hervé Kam, enlevé dans la nuit du 24 au 25 janvier à l’aéroport de Ouagadougou par des hommes en tenue civile, est détenu depuis dans les bâtiments de la sûreté de l’Etat, au « mépris délibéré et inconsidéré des dispositions garantissant la liberté et l’indépendance de l’avocat et du barreau », selon l’ordre des avocats du Burkina Faso.

Un ancien ministre enlevé

Il est notamment connu pour avoir été l’avocat de la famille de Thomas Sankara, ex-chef d’Etat (1983-1987) tué lors d’un coup d’Etat perpétré par son successeur, Blaise Compaoré. Ancien magistrat, Me Kam est également un leader de la société civile. Il a notamment cofondé le Balai citoyen, un mouvement qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014.

Plusieurs cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou. L’ex-ministre des affaires étrangères Ablassé Ouédraogo a été enlevé fin décembre et l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie, le lieutenant-colonel Evrard Somda, en janvier.

Le gouvernement de transition a affirmé en janvier avoir déjoué une « énième tentative de déstabilisation » et lancé une traque contre un réseau impliquant des militaires et des civils. Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des violences djihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui ont fait près de 20 000 morts et plus de 2 millions de déplacés internes.

Le Monde avec AFP



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