à son procès, le vice-président du département de Mayotte plaide le dérapage

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Salime Mdéré lors de son intervention sur le plateau du journal télévisé de Mayotte la 1re, le 24 avril 2023.

Il y a le hasard du calendrier judiciaire. Mais surtout une situation de violence inchangée à Mayotte. Alors que le département français de l’océan Indien est confronté à de nouvelles tensions, avec des barrages de routes par des collectifs de citoyens exigeant des mesures fortes contre l’immigration illégale et l’insécurité, Salime Mdéré a été jugé, jeudi 1er février, pour ses propos visant les jeunes délinquants.

Le 24 avril 2023, sur le plateau du journal télévisé de Mayotte la 1re, le premier vice-président du conseil départemental de Mayotte, un élu (divers droite) pourtant pas habitué à des saillies radicales, avait lancé : « Des gamins qu’on voit de loin, c’est même pas des gamins. Moi, je refuse d’ailleurs qu’on emploie ces termes-là, jeunes ou gamins, ces délinquants, ces voyous, ces terroristes. Il faut, à un moment donné, il faut peut-être en tuer. Je pèse mes mots. Il faut peut-être en tuer pour… »

Des faits « d’incitation à la haine en raison de leur origine » et « de provocation à la commission d’atteintes à la vie par personne chargée d’une mission de service public », a estimé la procureure adjointe de Saint-Denis de La Réunion, Lucile Regin, où le procès a été dépaysé.

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A l’époque, l’opération « Wuambushu » de lutte contre l’immigration clandestine, les gangs et les bidonvilles venait d’être lancée. Mais rien n’a changé. Les violences et les caillassages sont quotidiens à Mayotte. Ce contexte chaotique reste, selon Me Yanis Souhaïli, avocat de Salime Mdéré, indissociable des propos de son client. « Mayotte est à feu et à sang, car Mayotte se sent abandonnée par l’Etat français qui lui dit : “Ne vous plaignez pas, c’est comme ça” », déplore l’avocat mahorais en assurant que les paroles de son client ont été celles d’un élu qui a eu « une réaction d’exaspération face à une situation intenable ».

« Conditions du direct »

Face au tribunal, Salime Mdéré demande la relaxe et « présente ses excuses devant la nation ». L’élu met d’abord en avant « les conditions du direct face à une journaliste vedette » et les images d’affrontements qui l’ont marqué avec des « jeunes cagoulés qui jettent des pierres sur des policiers qui reculent ». « Ces propos ne me ressemblent pas et ceux qui me connaissent le savent, assure-t-il. Le lendemain, j’ai présenté mes excuses publiquement sur mon compte Facebook. »

Le président Stéphane Duchemin lui fait remarquer qu’il a insisté en disant « peser [s]es mots » et que la journaliste l’a interrompu en lui lançant : « Je ne peux vous laisser dire ça. » « Ce n’est pas la phrase que je voulais dire, répond Salime Mdéré. Le message que je voulais passer est qu’il ne faut pas que les autorités attendent qu’il y ait un mort pour réagir. Car la délinquance est omniprésente et l’Etat ne fait pas grand-chose pour l’éradiquer. »

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