A Nanterre, un an après la mort de Nahel, le sentiment d’injustice demeure

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Une fresque en hommage à Nahel M., à Nanterre, le 13 juin 2024.

Sur la place Nelson-Mandela de Nanterre, des bouquets de fleurs sont toujours déposés au pied du poteau où la voiture de Nahel a fini sa course, le 27 juin 2023. Dans le quartier Pablo-Picasso, le bitume a conservé certains stigmates des violences urbaines ayant suivi la mort du jeune homme de 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle. Quelques tags lui rendant hommage sont encore présents sur les murs du quartier, peu à peu remplacés par des slogans pour dénoncer la situation à Gaza. « Ici, rien n’a changé, souffle un infirmier trentenaire croisé au milieu des tours Aillaud. Les gens sont passés à autre chose parce que la priorité, c’est juste essayer de s’en sortir. Finalement, on s’est tiré une balle dans le pied avec ces émeutes. »

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Un an après la mort de Nahel M., habitants et équipes associatives partagent ce constat amer, renforcé par les réponses répressives du gouvernement après les violences urbaines. « Il y a une forme de résignation, constate Mamadou Diallo, directeur de l’association Zy’Va, accompagnant les jeunes du quartier du Petit-Nanterre. Pour les plus proches de Nahel, il y a un traumatisme qui ne passera jamais. Pour les autres, c’est un malheureux fait divers qui restera au panthéon des meurtres injustes, une injustice crasse qu’on va traîner comme ça. »

Dans le secteur, le climat s’est, malgré tout, apaisé. La reconstitution des faits et la libération, en novembre 2023, du policier ayant tiré sur Nahel M. n’ont pas été suivis de débordements. Même si, pour certains, il suffirait d’une nouvelle étincelle pour rallumer les braises. « Quand on regarde les jeunes dans les yeux, on voit qu’ils ne sont pas bien. Au fond, ils ont toujours ce sentiment d’injustice », souffle Quinta (elle a requis l’anonymat), 61 ans, dont trente au quartier, auxiliaire de vie. Plusieurs encadrants de la jeunesse regrettent que peu de choses n’aient été réalisées au cours de l’année passée pour améliorer la relation entre la police et la population.

« Désir d’investissement »

Fatiha Abdouni veut tout de même garder « de l’espoir » et mettre en avant « une dynamique » dans le quartier. Son association, La Voix des femmes de Pablo, réunissant plusieurs habitantes de Nanterre, travaille depuis septembre 2023 à élaborer « 45 propositions pour améliorer la vie dans les quartiers sur la santé, le logement, l’emploi et l’éducation », précise la fondatrice du groupe. Elles ont, depuis, rencontré le nouveau maire de Nanterre, Raphaël Adam (divers gauche), le sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi, la députée écologiste des Hauts-de-Seine sortante Sabrina Sebaihi, et attendent de pouvoir discuter avec le préfet du département, Laurent Hottiaux.

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