A l’Assemblée nationale, l’impossible débat sur la question israélo-palestinienne

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Des bombardements, des immeubles éventrés, des cris d’effroi, des corps inanimés, calcinés, et des larmes, des cris, d’enfants, de femmes et d’hommes… Pendant une heure et trente-deux minutes, des images atroces en provenance de la bande de Gaza, dévastée, ont été projetées à l’Assemblée nationale, mercredi 29 mai. Seulement une quinzaine de députés – la plupart de gauche, quelques-uns de la majorité et deux du Rassemblement national (RN) – ont répondu à l’invitation de l’élu La France insoumise (LFI) de Paris Aymeric Caron. Son film, intitulé Gaza depuis le 7 octobre, retrace les sept mois de l’offensive israélienne menée dans le territoire palestinien, après les attaques du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023.

Présenté par l’élu « insoumis » comme un « documentaire », il est censé représenter le « quotidien » des habitants soumis aux frappes de Tsahal. Diffusées avec des sous-titres mais pas de voix off, les images ne sont pas floutées. La plupart ont été collectées sur les réseaux sociaux, venant de « journalistes, photographes, réalisateurs, soignants et habitants de Gaza », puis vérifiées par lui et son équipe, explique M. Caron, assurant qu’il n’y a « aucune image du Hamas ».

« C’est un film qui a décidé de s’intéresser au sort des Gazaouis », a lancé l’ancien journaliste devant la presse. A la sortie de la séance, mercredi soir, son collègue élu à Paris Rodrigo Arenas, l’un des huit élus LFI présents, avait, lui, les larmes aux yeux : « C’est [un film] superviolent, mais c’est la réalité qui est violente. La question maintenant, c’est qu’est-ce qu’on fait, nous ? La position de la France n’est plus tenable aujourd’hui. »

Le parti pris de s’intéresser uniquement « au sort des Gazaouis » n’est pas passé inaperçu. « C’est bouleversant de voir ces images », concède le député RN de l’Yonne Julien Odoul. Avant de lancer : « Mais entre ce qui s’est passé le 7 octobre [2023] et ce que vit le peuple palestinien depuis, il n’y a qu’un seul responsable qui était cruellement absent de ces images, c’est le Hamas. »

« Concurrence victimaire »

Bien qu’il s’en défende, la démarche de M. Caron fait écho à celle de Mathieu Lefèvre, député Renaissance du Val-de-Marne et président du groupe d’amitié France-Israël. Mi-novembre 2023, ce dernier avait organisé une projection au Palais-Bourbon d’un film monté par les autorités israéliennes à partir des images des massacres commis par le Hamas le 7 octobre, en Israël. Ce jour-là, plusieurs dizaines de députés s’étaient massées dans la salle. Aymeric Caron aussi. Sept mois plus tard, dans une salle quasi vide, il dénonce le « désintérêt de cette Assemblée pour le sort des Gazaouis ».

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