A La Réunion, l’ex-président du conseil régional Didier Robert soupçonné d’avoir fait payer ses loyers par la collectivité

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Didier Robert, dans la commune de Sainte-Marie, près de Saint-Denis de La Réunion, le 14 décembre 2015.

« Pas de commentaires, bonne journée. » Malgré une relaxe générale dans le procès portant sur des soupçons d’emplois fictifs au sein de son cabinet, Didier Robert (divers droite), ancien président du conseil régional de La Réunion (de 2010 à 2021), a préféré esquiver les journalistes, le 21 mai, à sa sortie du palais de justice de Saint-Denis. Les juges ont estimé que « l’enquête (…) n’a pas permis de réunir les éléments permettant de retenir que les emplois litigieux ont été fictifs en tout ou en partie ». Les faits visaient le recrutement de huit conseillers techniques ou chargés de mission.

Si cet ancien député, sénateur et leader de la droite locale, âgé de 60 ans, a choisi de ne pas célébrer ostensiblement cette victoire judiciaire, à l’image d’autres protagonistes du dossier, c’est en raison de nouveaux rendez-vous qui l’attendent. Dans cette affaire d’emplois fictifs, le parquet de Saint-Denis a décidé de faire appel. Sans compter qu’un autre procès se profile pour Didier Robert.

Une semaine avant la décision du tribunal correctionnel, l’ex-président du conseil régional a été entendu, en audition libre, par la brigade financière du service territorial de police judiciaire, dans le cadre d’une enquête préliminaire sur ses loyers personnels pris en charge par la collectivité entre 2016 et 2020. Une procédure ouverte en 2022 à la suite d’un signalement de la chambre régionale des comptes. L’enquête est désormais bouclée, observe la procureure de Saint-Denis, Véronique Denizot. Le procès est programmé en octobre pour des faits présumés de « détournement de fonds publics, concussion, prise illégale d’intérêts ».

Une « indemnité de séjour »

Lors de son second mandat à la tête de la région Réunion, Didier Robert a perçu, entre 2016 et 2020, entre 2 700 et 2 790 euros mensuels, soit plus de 135 000 euros, au titre d’une « indemnité de séjour ». Celle-ci a été votée par l’assemblée plénière régionale, le 5 janvier 2016, avant que l’ex-président signe lui-même la délibération. Elle s’appuie sur un article du code général des collectivités territoriales indiquant que le conseil régional peut « attribuer au président une indemnité de séjour, dans la limite des indemnités journalières allouées à cet effet aux fonctionnaires de l’Etat, en raison des frais qu’il a engagés pour être présent au chef-lieu de région pour assurer la gestion des affaires de la région ».

Selon l’enquête préliminaire, Didier Robert a confondu sciemment « indemnité de séjour » et « indemnité de résidence ». La première couvre des frais ponctuels d’hébergement, quand un président doit rester dans la ville où il ne réside pas et où est installé le conseil régional, pour les besoins de ses fonctions. Or des indemnités ont été versées à Didier Robert pour chaque jour de l’année sur la période concernée, y compris lorsqu’il partait en déplacement hors de La Réunion.

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