L’étau se resserre autour de l’exécutif, enlisé depuis le début du quinquennat dans son projet de loi immigration. L’aile gauche de la majorité a marqué les esprits en publiant de manière inédite une tribune commune avec des parlementaires de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), mardi 12 septembre, dans Libération. Douze députés de Renaissance et du MoDem signent ce texte avec une vingtaine de parlementaires écologistes, socialistes ou communistes – dont le patron du Parti communiste, Fabien Roussel, et le président du groupe socialiste, Boris Vallaud – pour appeler à « la régularisation des travailleurs sans papiers » dans les métiers en tension.
Parmi les signataires figure le président macroniste de la commission des lois, Sacha Houlié, soutien de la première heure du chef de l’Etat. S’il se défend d’être un « frondeur », le député de la Vienne, issu du Parti socialiste, a enjoint à son camp, mardi sur France Inter, d’« élargir la majorité » sur un texte « extrêmement radical, puisqu’il reprend des mesures que la droite n’a jamais réussi à faire adopter et que la gauche n’a jamais eu le cran de proposer ». Une référence à un projet de loi qui se veut l’incarnation du « en même temps » macroniste : d’un côté, il comporte un volet répressif visant à faciliter les expulsions des étrangers délinquants ; de l’autre, un volet dit « social », inscrit à l’article 3, prévoyant la création de titres de séjour pour les sans-papiers travaillant dans des secteurs économiques en tension, comme l’hôtellerie-restauration, le bâtiment, la propreté ou l’aide à la personne.
Depuis la présentation de ce projet en février par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, la mesure sur les « métiers en tension » est vivement combattue par la droite et l’extrême droite. Les Républicains (LR), qui font figure de force politique privilégiée par le gouvernement pour obtenir une majorité au Parlement, présentent cette disposition comme un casus belli, en dénonçant le risque d’un « appel d’air migratoire ».
Intransigeance de LR
Mardi, quelques heures après l’offensive de la gauche, la droite parlementaire s’est de nouveau montrée intraitable vis-à-vis du projet de l’exécutif. « Nous prendrons nos responsabilités si le gouvernement était tenté de passer en force un texte laxiste. (…) Nous déposerions une motion de censure », a affirmé le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, devant ses troupes réunies à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Une menace également brandie mardi soir par le président du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, Bertrand Pancher, à l’issue d’une entrevue avec la première ministre, Elisabeth Borne, à Matignon. « J’observe que nos collègues de LR se posent de plus en plus la question de l’opportunité ou pas de voter une motion de censure. C’est quand même un appel à la sagesse lancé en direction du président Macron, qui aurait intérêt à enfin écouter les uns et les autres », a averti le député de la Meuse.
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