Au Brésil, la police fédérale demande l’inculpation de Jair Bolsonaro pour tentative de « coup d’Etat » en 2022

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L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro participe à une manifestation contre la Cour suprême du Brésil le jour de l’indépendance sur l’avenue Paulista, Sao Paulo, Brésil, le 7 septembre 2024.

La nouvelle sonnera-t-elle le glas de sa carrière politique ? La police fédérale brésilienne a formellement demandé, jeudi 21 novembre, l’inculpation de Jair Bolsonaro, soupçonné d’avoir participé à l’organisation d’une tentative de coup d’Etat fin 2022 afin de se maintenir au pouvoir. Au terme d’un processus judiciaire qui s’annonce périlleux, l’ancien président d’extrême droite (2019-2023) pourrait être condamné à une peine allant jusqu’à vingt-huit ans de prison.

M. Bolsonaro est accusé des crimes d’« abolition violente de l’Etat démocratique de droit », de « coup d’Etat » et de « participation à une organisation criminelle ». Autant de charges qui pèsent également sur trente-six autres personnalités également inculpées, parmi lesquelles vingt-quatre militaires, dont les généraux Walter Braga Netto, ex-ministre de la défense et colistier de Jair Bolsonaro à la présidentielle de 2022, et Augusto Heleno, ex-ministre du cabinet de sécurité institutionnelle. La liste comporte aussi les noms de Valdemar Costa Neto, actuel président du Parti liberal (PL), la formation de M. Bolsonaro, et du député Alexandre Ramagem, ancien chef des services de renseignements.

Concrètement, Jair Bolsonaro est soupçonné d’avoir au minimum eu connaissance des préparatifs d’une série d’attentats visant à assassiner Alexandre de Moraes, juge au Tribunal suprême fédéral (STF) ainsi que Luiz Inacio Lula da Silva et son colistier Geraldo Alckmin, vainqueurs de la présidentielle d’octobre 2022, afin d’empêcher leur prise de fonction. Cinq individus, dont quatre militaires issus des forces spéciales, ont été arrêtés mardi 19 novembre, accusés d’avoir planifié ces meurtres, par le biais d’une attaque au fusil, à l’explosif, ou d’un empoisonnement.

Mais l’ex-président d’extrême droite aurait aussi eu un rôle actif dans l’élaboration du putsch. Des brouillons de décrets officiels prévoyant l’instauration d’un Etat d’exception et l’organisation de nouvelles élections ont été retrouvés par la police. Les principaux chefs de l’armée ont, pour leur part, confirmé avoir été convoqués en décembre 2022 par M. Bolsonaro, qui leur a alors présenté une série d’actions visant à empêcher le retour au pouvoir de Lula.

« Les enquêtes ont réuni des preuves »

Les révélations des forces de l’ordre, vertigineuses, ne sont en réalité guère surprenantes. Ancien capitaine de l’armée, Jair Bolsonaro n’a jamais caché ses velléités autoritaires, de même que sa nostalgie de la dictature militaire (1964-1985). En 1991, alors député, celui-ci estimait dans une interview qu’« à travers le vote, on n’obtient aucun changement » et qu’une fois élu président il déclencherait « un coup d’Etat le jour même ». Arrivé au pouvoir, il encouragea les manifestations de masse de ses partisans aux slogans putschistes et vitupéra contre le système de vote électronique brésilien.

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