Pour l’ONU, la crise post-électorale au Venezuela « marque une nouvelle étape dans la détérioration de l’Etat de droit »

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Manifestations le lendemain de la réélection du président Nicolas Maduro, à Caracas, au Venezuela, le 29 juillet 2024.

Le rapport que les Nations unies ont publié mardi 17 septembre est sans appel : depuis la réélection de Nicolas Maduro le 28 juillet au Venezuela, les autorités ont intensifié leurs « actions conscientes et planifiées » « visant à réduire au silence, à décourager et à étouffer l’opposition », activant « la forme la plus dure et la plus violente de son appareil répressif ».

Cette « politique d’Etat », souligne le texte de 21 pages, « a entraîné de graves violations des droits humains et des crimes, dans ce qui a été l’une des crises les plus aiguës de ces dernières années », avec notamment la mort de 25 personnes – dont 24 par balles – pendant les manifestations de protestation contre la proclamation de la victoire de Nicolas Maduro face au candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez.

Plus de sept semaines après l’élection, les autorités électorales n’ont toujours pas présenté les procès-verbaux du scrutin qui pourraient l’attester, comme le demandent l’opposition et une grande partie de la communauté internationale.

Le texte, rédigé par la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur la République bolivarienne du Venezuela, analyse la période comprise entre le 1er septembre 2023 et le 31 août 2024.

« Persécution politique »

Cette Mission a été mise en place par le Conseil des droits humains de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 2019. Son but était, à l’origine, d’enquêter sur les violations des droits humains commises dans le pays depuis 2014, et en particulier sur le rôle de la Garde nationale bolivarienne et sa chaîne de commandement. Mais la crise post-électorale l’a contrainte à « redéfinir l’orientation de ses enquêtes pour tenir compte de la recrudescence des violations et des crimes au cours de cette période ».

En 2023, « l’appareil répressif le plus dur était endormi, mais pas désarticulé », explique Francisco Cox, un des trois membres de la Mission de l’ONU. « Pendant la période qui a précédé l’élection, il a été réactivé pour des arrestations sélectives, comme celle de la défenseuse des droits humains Rocio San Miguel, en février, qui a eu un impact très fort sur la société civile, retrace l’expert chilien. Ce que nous observons après l’élection, ce sont, en plus, des arrestations massives et arbitraires, dont des centaines d’enfants de 15 à 17 ans, ou de personnes ayant simplement manifesté leur désaccord sur le résultat officiel des élections. »

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Disparitions forcées, tortures à coups de bâtons ou à l’électricité, violences sexuelles, non-respect du droit de la défense à des niveaux « sans précédent » « l’apparence de légalité, déjà minime dans les périodes précédentes, a presque complètement disparu ». La Mission estime avoir des « motifs raisonnables » de croire que certaines de ces violations « constituent le crime contre l’humanité de persécution politique ». La brutalité de la répression est telle, dit le texte, qu’elle « continue de générer un climat de peur généralisé au sein de la population ».

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