206 millions d’euros d’amende et quatre ans et demi de prison pour un faussaire de montres

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Florian R. a bien fait d’être honnête, pour une fois. Ce jeune escroc, fondateur de « La Genèverie », plate-forme disponible sur Snapchat ou Telegram où l’on trouvait, à prix imbattables, des répliques de montres de luxe, mais aussi de fausses cartes d’identité, de faux permis de conduire, ou de faux passes sanitaires, a tout reconnu devant la 13chambre du tribunal correctionnel de Paris, et a même révélé l’existence d’une liasse de 20 000 euros, cachée dans les scellés, que les enquêteurs n’avaient pas trouvée. Il a été condamné, vendredi 5 avril, à quatre ans de prison, mais seulement à 200 000 euros d’amende. Pour bonne conduite, en quelque sorte.

Son voisin dans le box, Julien V., n’a pas eu droit à pareille mansuétude, le tribunal ayant modérément goûté l’effronterie de ce faussaire établi en Thaïlande, accusé d’avoir fabriqué et vendu au moins 9 000 montres contrefaites. Ce prévenu à la fine moustache, « cash » tatoué sur les phalanges de la main droite et « money » sur celles la main gauche, façon Robert Mitchum dans La Nuit du chasseur (1955), a gardé ses lunettes fumées, les bras croisés et le silence tout au long de l’audience, traitant un avocat de partie civile de « guignol », tutoyant le président du tribunal, et expliquant qu’il s’en « [battait] les couilles » de ce procès, puisqu’il s’enrichissait depuis sa cellule grâce à la cryptomonnaie : « Je regarde la télé, je vois le bitcoin qui monte. Moi je sors dans cinq ans, j’ai tout ce qu’il me faut. »

« Dans cinq ans », presque : quatre ans et demi de prison. « Tout ce qu’il me faut », pas sûr, compte tenu de l’amende stratosphérique qui lui a été infligée : 206 millions d’euros, un montant calculé en se fondant sur la valeur authentique des milliers de montres contrefaites écoulées.

Bannis de la profession

Cette amende hors norme éclipserait presque la condamnation des policiers impliqués dans cette sombre affaire : c’est que « La Genèverie » proposait également l’accès à des fichiers de police confidentiels – bien vrais, ceux-là – grâce à deux agents corrompus, désormais bannis de la profession, qui piochaient dans leur ordinateur les profils souhaités, contre 50 euros l’unité.

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Sephora O. et Yassine G. ont, eux aussi, eu des stratégies divergentes à l’audience. La première a reconnu les faits et s’est repentie, le second a nié et présenté au tribunal une version invraisemblable. Mais la première avait vendu plus de 300 fichiers, le second moins d’une vingtaine. Elle a été condamnée à quatre ans de prison dont deux ferme, lui à deux ans, dont un ferme qu’il effectuera sous bracelet.



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