Youssef Tihlah condamné à 24 ans de réclusion

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Sur le lieu de l’attaque commise par Youssef Tihlah contre des policiers, à Colombes (Hauts-de-Seine), le 27 avril 2020.

La cour d’assises spéciale de Paris a condamné, vendredi 15 mars, Youssef Tihlah à vingt-quatre ans de réclusion, assortis de la sûreté aux deux tiers, pour l’attaque à la voiture bélier à Colombes (Hauts-de-Seine), le 27 avril 2020. Il avait foncé en voiture sur un groupe de policiers en train de contrôler un véhicule boulevard de Valmy. Deux policiers motards avaient été grièvement blessés.

Jugé depuis lundi pour tentatives d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, l’assaillant encourait la perpétuité, a rappelé le président de la cour, Jean-Christophe Hullin. Mais « nous estimons que la situation [de l’accusé] n’est pas complètement désespérée », a fait valoir le magistrat.

L’avocate générale Marine Valentin avait requis plus tôt dans la journée trente ans de réclusion, dont une période de sûreté de vingt ans, « au regard de la gravité des faits commis » et de la personnalité de Youssef Tihlah, âgé de 33 ans.

Rhétorique djihadiste

Le 27 avril 2020, en plein confinement dû à l’épidémie de Covid-19 et en période de ramadan, cet homme avait repéré depuis sa voiture des policiers sur le chemin d’une boulangerie à Colombes, ville située au nord-ouest de Paris. Il avait alors décidé de passer une nouvelle fois dans la rue et foncé sur eux à pleine vitesse, percutant deux motards de la police nationale en train de contrôler un véhicule.

Dans sa voiture, une lettre de revendication et d’allégeance au groupe djihadiste État islamique, écrite au dos d’une attestation de déplacement dérogatoire, et deux couteaux avaient été retrouvés. L’un d’eux avait été acheté quelques jours avant les faits, ce qui corrobore selon les enquêteurs la thèse d’un projet mûrement préparé.

Dans son réquisitoire, la représentante du parquet a insisté sur « l’intention » de l’assaillant « d’inscrire son attaque dans une dimension terroriste », soulignant qu’il avait adopté une « rhétorique djihadiste » jusqu’au « dernier jour de l’audience ». « Plus d’un an après, il était toujours incapable de condamner des faits terroristes (…). Il se considère comme un combattant qui a combattu des soldats », a-t-elle estimé.

L’avocate générale a relevé que Youssef Tihlah avait agi « pendant le ramadan pour renforcer la dimension symbolique de son acte (…) et contre des policiers parce qu’ils sont des symboles de la République ». Elle a par ailleurs rappelé la lettre écrite par l’accusé en prison à Inès Madani, condamnée à trente ans de réclusion pour avoir tenté de commettre un attentat aux bonbonnes de gaz en 2016 à Paris. « Il lui disait qu’il l’admirait, et qu’il voulait échanger avec elle », a souligné Mme Valentin.

« Une tombe pour M. Tihlah »

« Trente ans requis, c’est trop », a plaidé pour sa part un des avocats de la défense, Me Fares Aidel. « Je ne crois pas qu’il y ait de peines justes, je pense qu’il y a des peines qui ont plus de sens que d’autres. Celle demandée par Mme l’avocate générale n’en fait pas partie », a-t-il insisté, comparant la peine requise à « une tombe pour M. Tihlah ».

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« Je suis désolé d’avoir infligé ces souffrances (…) J’y pense tous les soirs avant de dormir », avait réagi dans le box des accusés Youssef Tihlah. « C’est vrai que j’ai encore du chemin à faire, mais j’aimerais que vous me laissiez la possibilité de montrer que j’ai changé », avait-il lancé à la cour avant qu’elle ne se retire pour délibérer.

Les deux motards avaient été hospitalisés avec plusieurs fractures et traumatismes, notamment aux jambes, et souffrent encore aujourd’hui de « séquelles physiques et psychiques », selon leur avocat, Me Daniel Bernfeld. Quatre policiers municipaux présents sur place s’étaient vu prescrire une incapacité totale de travail supérieure pour certains à quatre-vingt-dix jours, en raison du traumatisme psychologique subi.

Le Monde avec AFP

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