Washington décide de négocier avec Bagdad une sortie programmée de ses troupes

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Des soldats de l’armée américaine sur la base aérienne d’Al-Asad, à l’ouest de Bagdad, le 1er novembre 2011.

Plutôt qu’un départ précipité d’Irak sous la pression des milices pro-iraniennes, dans une douloureuse répétition de la débâcle d’août 2021 en Afghanistan, Washington a choisi de négocier avec Bagdad une sortie programmée de ses troupes. Jeudi 25 janvier, les Etats-Unis et l’Irak ont annoncé que des discussions seront engagées dans les prochains jours pour définir une feuille de route et un calendrier pour mettre fin à la mission de la coalition internationale de lutte contre l’organisation Etat islamique (EI).

Face à l’intensification des attaques menées par ces milices contre des bases américaines en Irak et en Syrie depuis octobre 2023, Washington a accédé aux demandes de Bagdad d’accélérer la redéfinition de leur partenariat stratégique. Cette réflexion, amorcée en 2020 entre l’Irak et les Etats-Unis, devra également être menée avec les autres membres de la coalition anti-EI, déployée depuis 2014 à l’invitation de Bagdad, dont la France.

Washington ne montre aucun empressement. Selon une source officielle irakienne, citée par l’Associated Press, l’administration américaine plaide pour un retrait d’ici deux à cinq ans. Bagdad souhaite un départ plus rapide. Il n’est pas question pour les Etats-Unis de céder aux menaces des milices pro-Téhéran, qui ne manqueront pas de clamer victoire au départ des troupes étrangères. A dix mois de la présidentielle américaine, Joe Biden ne veut pas donner raison à son principal adversaire dans la course à la Maison Blanche, l’ancien président républicain Donald Trump, qui raille sa « faiblesse ».

« L’essentiel est d’avoir une planification en bon ordre du retrait des troupes de la coalition anti-EI. L’objectif de ses membres est, au-delà, d’enclencher une transition qui débouche sur la mise en place de coopérations bilatérales, ce qui va nécessiter un calendrier et une logistique », estime Selin Uysal, experte de l’Irak au Washington Institute for Near East Policy (WINEP). Des discussions auront lieu au sein de la haute commission militaire, mise en place entre Bagdad et Washington en août 2023, pour évaluer « la menace de l’EI, les exigences opérationnelles (…) et le niveau des capacités des forces de sécurité irakiennes », a indiqué le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, jeudi.

Un exercice d’équilibrisme fort compliqué

L’objectif, a toutefois précisé le ministère des affaires étrangères irakien, est d’établir un « calendrier précis » sur « la durée de la présence » des conseillers de la coalition internationale anti-EI en Irak et d’engager « une réduction progressive et étudiée » de leurs effectifs. Des discussions étaient déjà menées avec l’administration Biden à la suite du dialogue conjoint de coopération sécuritaire, entrepris par Donald Trump et l’ancien premier ministre irakien, Mustafa Al-Kadhimi, en juin 2020, déjà sous la pression des milices pro-Iran.

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