Vladimir Poutine, renforcé et tout-puissant, reçoit un nouveau mandat de chef de guerre

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Le président russe, Vladimir Poutine, à son siège de campagne, à Moscou le 18 mars 2024.

Face à ceux qui la rêveraient faible ou désunie, la Russie affiche un front uni, monolithique jusqu’à la caricature. En plus du plébiscite personnel accordé à Vladimir Poutine, qui se voit reconduit au pouvoir pour un nouveau mandat de six ans, c’est le message qu’envoie le résultat de l’élection présidentielle conclue dimanche soir 17 mars, au terme de trois jours de vote. Les chiffres non définitifs attribuent le score exceptionnellement élevé de 87 % des suffrages au président sortant, 71 ans, que la télévision rebaptisait en « leader national », dimanche soir. La participation, elle, est annoncée à 74,22 %.

Avec ce résultat, Vladimir Poutine dépasse son record précédent de 2018 (76 %) – et passe de la catégorie des résultats « à la biélorusse » à ceux pratiqués dans la baroque dictature turkmène. Autre record : à moins d’un accident, M. Poutine aura dépassé à l’issue de ce mandat, en 2030, le record de longévité au Kremlin de Joseph Staline.

Le scrutin avait été planifié pour coïncider avec les dix ans du « rattachement » de la Crimée à la Russie, le grand œuvre du premier quart de siècle de Vladimir Poutine au pouvoir. Il a finalement été rattrapé par la guerre : les trois jours d’élections ont coïncidé avec des bombardements et des incursions armées dans les régions du sud du pays, des attaques de drones en profondeur et des incidents visiblement téléguidés de l’extérieur dans quelques bureaux de vote.

Là encore, les résultats sont affichés comme une preuve de la détermination de Moscou. M. Poutine est crédité de 96,45 % des suffrages à Belgorod, la région la plus touchée par les combats, ou de 95 % et 92 % dans celles de Donetsk et Zaporijia, occupées par l’armée russe. Pas question pour autant de laisser croire à de quelconques divergences régionales. La Tchétchénie attribue 99,3 % au chef du Kremlin, et même Moscou, réputée être un foyer de contestation, affichait dimanche soir 88,8 %, après dépouillage de 70 % des bulletins de vote.

Ce climat de tensions exacerbées a probablement renforcé le réel soutien dont bénéficie M. Poutine auprès d’une partie importante de la population. C’est même là le génie des propagandistes du Kremlin : avoir réussi à transformer l’invasion de l’Ukraine en une agression occidentale, et une guerre de conquête en un combat existentiel pour les « valeurs traditionnelles » ou la « souveraineté » de la Russie.

La guerre dans les esprits

Dimanche soir, lors d’une conférence de presse improvisée à son quartier général, M. Poutine a lui-même attribué les bons chiffres de participation au fait que « la Russie défend les armes à la main son droit à se développer ». Après avoir remercié les électeurs et estimé que « nous sommes tous de la même équipe », il a consacré l’essentiel de cette intervention aux questions géopolitiques, évoquant aussi bien la possibilité d’une guerre mondiale, celle d’une annexion de la région ukrainienne de Kharkiv que – vaguement – la proposition d’une trêve olympique formulée par le président français, Emmanuel Macron.

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