une rapporteuse de l’ONU accuse Israël de commettre plusieurs « actes de génocide » dans la bande de Gaza

4757


Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté lundi 25 mars sa première résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

Retrouvez ici notre point sur la situation d’hier.

La guerre entre Israël et le Hamas a fait 32 333 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon un bilan diffusé lundi 25 mars par le ministère de la santé du mouvement islamiste palestinien.

Dans la journée, une première résolution appelant à un « cessez-le-feu immédiat » dans l’enclave palestinienne a été votée par le Conseil de sécurité de l’ONU, grâce à l’abstention des Etats-Unis, ce qui a provoqué la colère des autorités israéliennes. Sur le terrain, les opérations se poursuivent aux abords de deux grands hôpitaux, accusés par Israël d’abriter des bases du Hamas.

« Des actes de génocides » à Gaza, selon une rapporteuse de l’ONU

Dans un rapport publié lundi, Fransesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens, affirme qu’il existe des « motifs raisonnables » de croire qu’Israël a commis plusieurs actes de génocide dans la bande de Gaza. « La nature et l’ampleur écrasante de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a causées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe », s’inquiète Mme Albanese dans ce rapport qu’elle doit présenter mardi au Conseil des droits de l’Homme à Genève.

Dans ses conclusions, Mme Albanese liste trois actes de génocide : « meurtre de membres du groupe ; atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; et soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ».

Fin janvier, saisie par l’Afrique du Sud, la Cour internationale de justice avait estimé qu’il existait un risque réel et imminent pour les droits des Palestiniens, dont leur protection contre le génocide. A cet effet, les magistrats ont prononcé six mesures conservatoires, la plus importante étant la demande faite à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission d’actes » génocidaires.

Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte sa première résolution en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, grâce à l’abstention américaine

Après plus de cinq mois de guerre, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté lundi sa première résolution exigeant un « cessez-le-feu immédiat » dans la bande de Gaza, un appel bloqué plusieurs fois par les Etats-Unis, qui se sont cette fois-ci abstenus.

La résolution a été adoptée à quatorze voix pour et une abstention, et demande un « cessez-le-feu immédiat le mois du ramadan » – qui a commencé il y a deux semaines – devant mener à un « cessez-le-feu durable ». La résolution appelle à la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages », rapporte l’Agence France-Presse (AFP), qui a pu consulter le texte.

Le Monde Application

La Matinale du Monde

Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer

Télécharger l’application

L’abstention des Etats-Unis a suscité la colère d’Israël, dont il est l’allié historique : le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annulé l’envoi d’une délégation qui était attendue à Washington et assure que cette abstention nuit « aux efforts pour la libération des otages ». Côté américain, on déplore une réaction jugée disproportionnée de la part d’Israël. Les Etats-Unis ont assuré que leur décision n’était pas un « changement de cap ».

Jusqu’ici, Washington avait mis son veto à plusieurs résolutions appelant à un cessez-le-feu ; mais avec plus de 32 000 morts dans la bande de Gaza, selon le Hamas, et le risque de famine dans le territoire palestinien assiégé, les Etats-Unis avaient affirmé vouloir redoubler d’efforts pour une trêve. Vendredi dernier, ils avaient ainsi proposé une résolution en ce sens. Le texte avait été rejeté par le Conseil de sécurité de l’ONU après les veto russes et chinois.

La résolution adoptée lundi est issue du travail de membres non permanents du Conseil, qui ont négocié tous le week-end avec les Etats-Unis afin d’enrayer un nouvel échec. Plusieurs entités, dont la Turquie et l’Autorité palestinienne, se sont réjouies de ce vote. La diplomatie française a annoncé préparer une résolution invitant à un « cessez-le-feu permanent ».

Les opérations autour de l’hôpital Al-Shifa se poursuivent

Des dizaines de frappes israéliennes ont touché lundi la bande de Gaza, où au moins deux grands hôpitaux sont visés par des opérations militaires. D’après le ministère de la santé du Hamas, les bombardements ont fait au moins 107 morts en vingt-quatre heures, dont au moins vingt-six à Rafah.

Une semaine après le début de l’intervention, lancée le 18 mars contre l’hôpital Al-Shifa – le plus grand du territoire palestinien assiégé – les combats se poursuivent. L’hôpital et ses environs ont été visés lundi par des tirs d’artillerie, selon les autorités du Hamas, tout comme les abords de l’hôpital Al-Amal de Khan Younès (Sud), assiégé depuis la veille par l’armée.

Des témoins ont aussi signalé dimanche une incursion aux abords de l’hôpital Nasser, proche d’Al-Amal. Le Croissant-Rouge palestinien a décrit à l’AFP une évacuation nocturne de cet hôpital « compliquée pour ses personnels et les malades ». Selon l’organisation, deux employés ont été la cible de tirs israéliens en tentant de dégager leurs ambulances des morceaux de débris. « Plus de vingt terroristes ont été éliminés dans le secteur d’Al-Amal au cours de la dernière journée, dans des combats rapprochés et des frappes aériennes », et des armes dont des lance-roquettes ont été découvertes, affirme l’armée, qui ajoute avoir facilité « l’évacuation du secteur de centaines de Gazaouis et interrogé des dizaines de suspects ».

Depuis le début de la guerre contre le Hamas lancée en octobre, les troupes ont mené plusieurs opérations dans et autour d’hôpitaux. Elles expliquent y être à la recherche de combattants palestiniens, le Hamas démentant de son côté se servir des hôpitaux comme de bases arrière.

Le secrétaire général des Nations unies défend l’UNRWA

Lors d’une visite à Al-Wihdat, un camp de réfugiés palestiniens dans l’est d’Amman, la capitale jordanienne, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a défendu l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). M. Guterres a affirmé qu’il serait « cruel et incompréhensible » d’interrompre les services de l’UNRWA aux réfugiés palestiniens à travers la région. Cette déclaration fait suite à l’annonce par l’agence onusienne qu’Israël lui a formellement interdit toute livraison d’aide alimentaire dans le nord de la bande de Gaza.

Israël avait accusé en janvier des employés de l’UNRWA dans la bande de Gaza d’implication dans l’attaque menée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre. Une quinzaine de pays, notamment les Etats-Unis, avaient suspendu fin janvier leur financement après les accusations israéliennes, ce qui a mis l’agence en difficulté financière, bien que plusieurs d’entre eux ont repris leurs versements depuis. « Ici, en Jordanie, mais aussi en Syrie, au Liban et, bien sûr, en Cisjordanie occupée et à Gaza, l’UNRWA est une source d’espoir et de dignité », a déclaré le secrétaire général de l’ONU.

« Dans un monde de plus en plus sombre, l’UNRWA est la seule lueur d’espoir pour des millions de personnes. Je vois cet espoir ici. Aujourd’hui plus que jamais, nous ne devons pas perdre cet espoir », a clamé M. Guterres. Il a également voulu « rendre hommage aux 171 femmes et hommes de l’UNRWA tués à Gaza – le plus grand nombre de morts parmi le personnel de l’ONU dans notre histoire ».

Quelque 5,9 millions de réfugiés palestiniens sont enregistrés auprès de l’agence onusienne dans la région.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link