une campagne marquée par le recul de l’ambition écologique

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Manifestation contre la métropolisation, la bétonisation et l’artificialisation des terres à l’appel de plusieurs collectifs de militants écologistes tels Sauvons les Gohards ou Les Soulèvements de la Terre, à Nantes, le 6 avril 2024.

Un sondage, comme un reflet du désespoir scientifique. Le quotidien britannique The Guardian a interrogé 380 auteurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur la capacité de l’humanité à freiner le réchauffement de la planète. D’après les résultats de cette étude, publiée le 8 mai, près de 80 % d’entre eux anticipent un réchauffement climatique d’au moins 2,5 °C à la fin du siècle, soit largement au-dessus du seuil le moins ambitieux de l’accord de Paris sur le climat (+ 2 °C). Près de la moitié se projettent sur + 3 °C, soit la trajectoire actuelle de réchauffement.

Un signe important de défiance à l’égard des gouvernements. Et pourtant, à moins de vingt jours des élections européennes du 9 juin, les enjeux climatiques, et plus largement l’environnement, sont relégués à la périphérie de la campagne électorale française.

Percuté par des questions qui semblent plus urgentes, instrumentalisé par une partie du spectre politique qui l’érige en symbole des prétendus « diktats » bruxellois, invisibilisé par des dirigeants soucieux de ne pas heurter les opinions… Le défi planétaire n’apparaît qu’en filigrane, sous l’œil désabusé des climatologues français. « Parfois, on se dit qu’on ne fait pas le poids, soupire Jean Jouzel, paléoclimatologue. Nos compatriotes savent que le climat change, mais on ne passe pas à l’étape de l’action, comme si ce combat restait un défi de long terme. Mais le CO2 que l’on accumule maintenant dans l’atmosphère aura des conséquences sur le climat de maintenant et sur celui de 2050. »

Un changement d’ambiance radical par rapport aux élections européennes de 2019. Poussés par les marches pour le climat, les responsables politiques avaient mis l’enjeu écologique au cœur de la campagne. Puis, Ursula von der Leyen, nouvelle présidente de la Commission, avait poussé un agenda ambitieux, le « Fit for 55 » – il prévoit de faire baisser de 55 % les émissions de gaz à effet de serre en 2030.

Mais, depuis 2022, les conséquences de la guerre en Ukraine, l’inflation, le retour de la question de la dette puis la crise agricole ont, peu à peu, gelé les initiatives et les propositions. Le scrutin du 9 juin est pourtant crucial. Après le vote de nombreux textes dans le cadre du Pacte vert européen, la prochaine mandature (de 2024 à 2029) devra mettre en œuvre et amplifier cette ambition.

« Chantiers titanesques »

Comment financer cette transition et accompagner les entreprises et les citoyens ? Comment se diriger vers le 55 % en moins d’émissions de gaz à effet de serre tout en préparant la marche suivante, celle de la décennie 2030-2040, où la sobriété structurelle et les changements comportementaux deviendront indispensables pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050 ?

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